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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 18:13

L'homme qui s'interroge sur le sens de sa vie - qui se pose les grandes questions de la Sagesse humaine -, qui recherche la vérité ultime de son existence, doit s'efforcer de penser correctement s'il veut avoir quelque espoir de trouver réponse à ses interrogations.

 

Qu'est-ce que penser correctement? Nous l'avons vu : c'est penser à partir du réel objectif extérieur à soi-même, et non à partir de sa propre subjectivité, de ses propres conceptions. [1]

 

Si nous avions l'intelligence innée de tout le réel, cela se saurait : nous n'aurions pas besoin d'aller à l'école, de recevoir de nos maîtres un quelconque enseignement. Nous aurions tout en nous-mêmes pour connaître la vérité sur toute chose - il suffirait de s'enfermer en soi-même et de réfléchir.

 

Le chemin qui conduit l'homme à la connaissance - et à la vérité -, l'unique chemin, c'est la réalité objective qui m'environne, dans laquelle je m'inscris, qui existait avant moi et qui perdurera après moi. C'est elle que je dois explorer et apprendre à découvrir ; c'est en elle que je dois chercher les réponses à mes questions existentielles ; c'est sur elle que je dois fonder mes théories - pour qu'elles aient quelque chance d'être vraies.

 

Le réel objectif : l'unique maître du chercheur de vérité - le seul auquel il doit se soumettre. Le laboratoire du philosophe.

 

Ce réel objectif, quel est-il?

 

C'est bien sûr tout ce qui m'entoure : ma famille, mes amis, ma maison, mon jardin, mon quartier, ma ville, mon pays, la planète où je vis, le système solaire où elle se situe, la galaxie dont il fait partie, l'univers entier.

 

Et c'est aussi ce que je perçois le plus immédiatement : moi-même. Mon corps, mes sentiments, ma pensée. 

 

La première chose qui nous frappe lorsque l'on considère la réalité objective (l'univers, et soi-même) : c'est que nous la rencontrons sans trop savoir au fond ce qu'elle est. Elle est comme une étrangère pour nous. Si familière - nous en faisons l'expérience quotidienne - et pourtant si méconnue : nous ignorons fondamentalement ce qu'elle est.

 

Et pour cause : nous ne l'avons pas inventée - nous la recevons comme un don.

 

Nous naissons dans un univers qui nous pré-existait - dont nous ne sommes pas les auteurs, et qui s'impose à nous comme un fait, un donné.

 

Et ce que nous sommes nous-mêmes, nous ne l'avons pas décidé - nous le "subissons" en quelques sortes, nous le recevons. Comme un cadeau fait à un enfant, que celui-ci tourne et retourne avec étonnement.

 

"Notre existence, notre nature, notre propre corps, et notre âme, sont pour nous une surprise et un sujet inépuisable d'étonnement. Les biologistes font l'analyse de la structure de notre organisme, et nous n'en sommes encore qu'à la première découverte de ce mystère qu'est pour nous notre propre organisme. Et notre âme, notre psychologie, nos tendances, sont pour nous tout aussi mystérieuses. Il faudra le long travail de la science pour nous découvrir à nous-mêmes qui nous sommes. Notre existence, le battement de notre coeur, le chimisme de notre respiration et cette bouchée que nous avalons et qui se transforme en nous-mêmes sans nous, notre pensée elle-même qui sourd comme une fontaine et dont la source est inconnue, tout cela est pour nous mystère. Nous sommes à nous-mêmes mystère (...).

 

"Tout est donné en nous : l'être, la vie, le battement de notre coeur, et même cette pensée que je pense et qui me vient d'un lieu que je ne connais pas, d'une profondeur que je n'ai pas sondée. Tout ce pouvoir qui est en moi, ce mouvement, cette force, cette puissance d'agir et de concevoir, ce n'est pas moi qui les ai mises en moi. Je suis né, et j'ai reçu. La vie, la pensée, comme le mouvement et l'agir, sont pour l'homme reçus." [2]

 

La question qui vient spontanément à l'esprit, dans cette contemplation de mon être et de l'univers, est naturellement celle de la source de ce don que je suis pour moi-même et de cet univers au sein duquel je suis né. 

 


[1] Cf. notre article-sommaire du 29 juillet 2012, De la bonne méthode de raisonnement en philosophie.

[2] Claude Tresmontant, in Essai sur la Connaissance de Dieu, Cerf 1959, p. 27 à 29

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commentaires

T
<br /> Je pense que nous ne pouvons prétendre connaître les caractéristiques "en soi" des particules (dans une réalité<br /> indépendante de nous), mais uniquement celles des particules que nous mesurons. Avec, Bernard d'Espagnat, il faut admettre que la réalité est et restera voilée. Elle n'est cependant pas<br /> totalement inconnaissable, car nous pouvons avoir des lueurs sur elle, entre autres par le biais de la connaissance scientifique. <br />
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  • : Blog consacré à l'un des plus grands métaphysiciens catholiques du XXe siècle, qui démontra le caractère irrationnel de l'athéisme.
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