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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 10:54

"L’expérience sensible est la première des connaissances, la connaissance fondamentale. Ensuite, il faudra traiter l’information, l'interpréter, l'analyser, la raisonner. Mais la base, le fondement, ce qui est vraiment connaissance et nourriture, c'est l'information qui vient du monde, de la nature, des autres êtres vivants, par la voie des sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le contact tactile."

 

(Claude Tresmontant, in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 161)

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 11:44

Arnaud Dumouch, professeur de religion et de théologie catholique en Belgique, nous introduit, dans une admirable série de clips, à la philosophie réaliste héritée d'Aristote et de Saint Thomas d'Aquin - tradition dans laquelle notre cher Professeur, Claude Tresmontant, s'inscrit résolument. Il nous livre ainsi les clefs pour comprendre les rouages de la pensée de Claude Tresmontant.

 

Dans cette première vidéo, Arnaud Dumouch définit la philosophie, en la distinguant des sciences modernes et de la théologie.

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 12:33

La méthode déductive, avons-nous dit [1], procède d’une conception négative du corps considéré comme une prison pour l’âme, le résultat d’une "chute" de l’Un dans la réalité multiple, d’une aliénation de l’esprit dans la matière – d’une déchéance.

 

"Que peut-il sortir de bon d’un corps?" pourrions-nous demander, en paraphrasant la fameuse question de Nathanaël à Philippe au sujet de Nazareth (cf. Jn 1. 46).

 

Cette anthropologie dualiste qui appréhende séparément, comme deux réalités opposées, l’âme (qui connaît) et le corps (qui alourdit, entrave, enferme, trompe, souille) ; cette anthropologie platonicienne, que présuppose la méthode déductive, se révèle – à y regarder de plus près – purement arbitraire, sans le moindre fondement rationnel.

 

Ce qui est très embêtant...

 

"L’univers ne serait qu’une apparence, un songe, une représentation. La multiplicité des êtres ne serait qu’une illusion. La diversité des êtres, la spatialité et la temporalité, le devenir, tout cela relèverait de l’apparence. En réalité, il n’y a que l’Un, seul l’Un existe, et la sagesse consiste à retrouver, en surmontant les apparences, cette unité originelle du tout (…).

 

"Les métaphysiques qui enseignent cela se heurtent à un certain nombre de difficultés. Elles récusent l’expérience, elles nous disent que l’expérience (…) est fausse et illusoire ; l’enseignement métaphysique qui professe la seule existence de l’Un serait la vérité. Ces métaphysiques nous déclarent que l’expérience est trompeuse, que l’expérience a tort (…). Elles nous enseignent le contraire de l’expérience, mais elle ne nous donne pas les raisons pour lesquelles nous devrions plutôt croire à la doctrine (…) qu’elles nous proposent, qu’à l’expérience. Car enfin (…), pour renoncer à ce que nous dit l’expérience, et pour professer ce que nous enseignent ces métaphysiques de l’Un, – qui sont en contradiction avec l’expérience, – il faudrait des raisons. On ne nous en donne pas (…). On nous parle d’une chute, d’un exil (…), d’une modification de la substance unique, d’une aliénation de la substance divine. Mais d’où tire-t-on ces enseignements ? On ne nous le dit pas." [2]

 

Quand on creuse un peu la question, on aperçoit très vite l’origine mythique de cette métaphysique : "On nous demande de ne pas accepter l’enseignement de l’expérience au nom de mythes dont on ne nous justifie pas l’origine, dont on ne nous donne pas les titres, et qui de plus sont totalement contradictoires [puisque la chute est nécessairement imputable à l’Un, qui, seul, existe : la faute est donc commise au sein même de la divinité…] On nous demande sans doute aussi de renoncer à la raison, à la logique, au principe de contradiction ? Il nous faudrait renoncer à l’enseignement de l’expérience objective et aux exigences d’une démarche rationnelle cohérente ? C’est vraiment trop demander." [3]

 

Mais alors... Si le corps n’est pas l’enveloppe terrestre dans laquelle l’âme-parcelle-divine est « tombée », qu’est-il en réalité ?

 

Tout simplement : l’homme lui-même. Mon corps, c’est moi – non pas quelque chose d’autre que moi, mais moi, en personne : "Il ne faut pas dire que l’homme A un corps organisé, car ce serait faire de l’homme autre chose que ce corps qu’il serait censé avoir. L’homme EST un corps organisé." [4] Tout est dit dans cette dernière définition. L’homme EST un corps ; et le corps EST lorsqu’il est organisé (et seulement lorsqu’il est organisé) : "Un corps vivant est un corps animé, ou il n’est rien. Lorsque l’âme s’en va, il ne reste pas un corps, il reste un cadavre, c’est-à-dire un tas, une multiplicité pure d’éléments chimiques qui s’en vont et se dispersent. Le cadavre ne garde que provisoirement l’apparence du corps vivant : en fait, il n’est plus un corps, il est une mutiplicité." [5]

 

Si le corps EST lorsqu’il est organisé – et seulement lorsqu'il est organisé – il faut s’interroger sur le principe même de cette organisation. Qu’est-ce qui fait que le corps est vivant et animé – que JE suis moi-même vivant et animé ? Notre auteur l’a évoqué plus haut : le principe d’animation du corps, ce qui fait que le corps EST corps (et non cadavre), c’est une structure subsistante distincte du corps, mais non séparée, qui le transcende et en est le sujet ; une structure subsistante qu'Aristote appelait l’âme (psychê). "Un vivant est une structure physique (...) qui subsiste, durant sa vie entière, alors que la matière intégrée dans cette structure (...) est constamment renouvelée. C'est (...) une structure physique qui a en elle-même la loi de son propre développement, qui est capable d'assimiler des éléments étrangers, c'est-à-dire de prendre, de capter, et d'intégrer à sa propre structure des molécules étrangères, prises au dehors, qu'elle transforme préalablement, afin de les rendre capables de s'intégrer à l'ensemble des molécules du vivant. Le vivant est encore une structure (...) capable de réparer, dans des mesures variables, les accidents survenus à cette structure qu'il est, de régénérer sa propre forme, dans la mesure du possible. Enfin, le vivant est un être capable de communiquer la loi même de sa constitution à un autre vivant semblable à lui même. Il est capable de se reproduire, de se multiplier (...)." [6]

 

Le corps vivant de l’homme, ce n’est donc pas simplement une matière organisée (une statue, par exemple, est aussi une matière organisée) – c’est une matière en activité : "Le vivant (…) est sujet de sa propre activité (…). [Il] n'est pas seulement une organisation matérielle : il est un être capable de s’organiser, de se renouveler du point de vue matériel, de s’adapter, de se cicatriser : il est le sujet des verbes d’action qui le caractérise." [7] C'est lui qui informe la matière afin d'en faire un corps vivant : "C'est lui qui renouvelle constamment la matière physique multiple qu'il intègre ; c'est lui qui recherche des aliments et qui les transforme, qui les assimile, qui rejette ce qui ne lui convient pas ; c'est lui qui se développe et se régénère s'il est abîmé ; c'est lui qui communique sa propre information génétique pour constituer un autre vivant." [8] 

 

Ce qui subsiste dans le vivant, ce n'est pas un élément physique ; ce n'est pas de la matière, ce n'est pas un atome ou une molécule. La substance qui demeure, alors même que tous les éléments physiques qui la composent sont constamment renouvelés "ne peut pas être comptée avec les éléments physiques qu'étudie le physicien. Elle est ce qui intègre une multiplicité matérielle considérable par le nombre et la variété, dans l'unité d'une synthèse." [9] L’existence de l’âme n’a donc pas besoin d’être prouvée. Elle est "une donnée immédiate de la perception : un organisme vivant est une âme vivante qui informe une matière. Lorsque je regarde un être vivant, ce n’est pas seulement un corps que je vois, mais c’est aussi, et en même temps, une âme vivante (…)." [10]

 

"Au siècle dernier (…), un médecin avait produit ce propos célèbre et indéfiniment répété depuis : ‘Je croirai à l’existence de l’âme lorsque je l’aurai trouvé sous mon scalpel’ (…). Point n’était nécessaire d’aller chercher le scalpel : il suffisait de regarder n’importe quel être vivant : il est une âme vivante. Inutile de disséquer. Il suffit d’ouvrir les yeux." [11]

 

Le corps de l’homme n’a donc rien à voir avec une chose, avec une machine – comme le pensait Descartes. Et une métaphysique fondée toute entière sur l’analogie du corps de l’homme avec la machine est inéluctablement vouée à l’échec – car elle est radicalement, ontologiquement fausse. "Dans une machine, si vous enlevez une pièce, si vous abîmez une pièce, la machine s’arrête. Elle ne marche plus. Dans un organisme vivant (…), si une partie de l’organisme se trouve atteinte, mutilée, abîmée par la maladie, l’organisme tout entier fait effort pour se passer de la partie malade, pour compenser ses déficiences (…). L’organisme peut compenser la perte d’un poumon, d’un rein, et même la lésion d’une partie du cerveau. Chez certains animaux primitifs, l’organisme peut régénérer les parties amputées. – Tout cela, la machine ne sait pas le faire. Elle n'est pas elle-même principe d'action, elle n'a pas d'initiative (...). L'organisme est autre chose, il est spontanéité active et même intelligente." [12]

 

Si donc l’homme est un corps animé d’une âme, si l’homme EST à la fois, indissociablement, corps et âme, alors ce qui touche à l’un touche à l’autre – puisque l’un et l’autre sont comme les deux faces d’une même réalité. L’âme communique au corps l’information nécessaire pour vivre et se développer – elle est son principe d’animation et d’existence en tant que corps vivant. Mais l’âme n’est pas seulement sujet d’action biologique ; elle est aussi le centre de connaissance qui collecte les informations communiquées par l’expérience sensible, qui les traite et les exploite. Le corps est donc le moyen par lequel l’âme reçoit l'information du monde extérieur, lui permettant d'accomplir sa fonction d’animation – puisqu’elle se sert des éléments du monde extérieur pour constituer l’organisme qu'elle est, et le préserver dans son intégrité : "C'est la différence qui existe entre un psychisme et une chose : un psychisme est capable de recevoir des informations et de les interpréter. Une chose n'en est pas capable. Un psychisme est sujet : il est le lieu où parviennent des informations, le foyer à partir duquel ces informations sont traitées et interprétées, et le point de départ d'une action, d'une réaction." [13]

 

"Dans l’anthropologie dont nous avons proposé les linéaments, le corps n’est pas autre chose que l’âme. Le corps vivant, c’est l’âme vivante qui informe une matière pour constituer l’organisme qu’elle est. Lorsque de l’information parvient à un corps vivant, animal ou humain, c’est donc au psychisme que l’information parvient, par la voie des sens. L’expérience sensible est la première des connaissances, la connaissance fondamentale. Ensuite, il faudra traiter l’information, l’interpréter, l’analyser, la raisonner. Mais la base, le fondement, ce qui est vraiment connaissance et nourriture, c’est l’information qui vient du monde, de la nature, des autres êtres vivants, par la voie des sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le contact tactile." [14] 

 


[1] Nos articles des 9 octobre 2011, 1er présupposé de la méthode déductive : le monde est ma représentation, et 28 octobre 2011, 2e présupposé de la méthode déductive : le dualisme corps/âme

[2] Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu, Seuil 1966, pp. 50-51

[3] Ibid., p. 51

[4] Ibid., p. 384

[5] Ibid., p. 385

[6] Claude Tresmontant, in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, pp. 65-66

[7] Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu, Seuil 1966, p. 247

[8] Claude Tresmontant, in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 66

[9] Ibid., pp. 66-67

[10] Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu, Seuil 1966, p. 396

[11] Ibid.

[12] Ibid., p. 390

[13] Claude Tresmontant, in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 155

[14] Ibid., p. 161.

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 12:25

Chers amis,

 

En exclusivité absolue sur ce blog, voici la 4e partie d'une interview audio donnée par Claude Tresmontant en décembre 1996, quatre mois seulement avant sa mort.

 

Interrogé par Jérôme Dufrien - qui nous a fait l'honneur et la grâce de nous confier la diffusion de ce document exceptionnel -, Claude Tresmontant revient sur les grands thèmes de son oeuvre.

 

Dans ce nouvel extrait que nous publions aujourd'hui, Claude Tresmontant nous parle de la Révélation divine - et nous donne des raisons de croire en son authenticité. 

      

 

Dans le prochain extrait, que nous publierons le 5 décembre prochain, Claude Tresmontant nous fera réfléchir sur le caractère irréversible de l'évolution de l'univers - et son inéluctable usure.

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 00:00

 

Le deuxième présupposé de la méthode déductive est d’ordre anthropologique.

 

Nous l’avons vu en examinant le Phédon de Platon [1] : le corps est considéré comme une "entrave" à la connaissance. "Lorsque c’est avec l’aide du corps [que l’âme] entreprend d’envisager quelque question, alors, la chose est claire, il l’abuse radicalement".

 

Nous sommes ici dans la lignée du premier présupposé [2] : si nous sommes tous des fragments de l’Unique Esprit (de l'Esprit divin), alors nos êtres particuliers sont le résultat d'une division à l'intérieur de l'Un, d'une pulvérisation de l'Un, d'une chute de l'Un dans la matière. La multiplicité matérielle, l’individuation sont vus comme un mal, la conséquence d’une dégradation. "Tombée" dans un corps, l'âme s'y trouve comme dans une prison, de laquelle elle se libérera au moment de la mort, lorsqu'elle s’en détachera pour retourner à sa divine origine.

 

Dans cet univers de pensée, l’âme n’a évidemment aucune information à recevoir du corps – qui est une réalité mauvaise, qui nous éloigne de l'Unité et donc, de la Vérité. Tout au contraire, pour "acquérir vérité et pensée", l’âme devra s’abstraire autant que faire se peut de toute influence sensible afin de ne pas se laisser "troubler" : "C’est en s’isolant le plus possible que l’âme va parvenir à la connaissance de ce qui est." [3]

 

Descartes reprendra à son compte ce dualisme corps/âme de Platon, qui le conduira naturellement vers une métaphysique déductive, entièrement a priori. [4] "Inclinant vers une anthropologie de type platonicien, il [était] tout-à-fait normal [qu’il] adopte aussi une épistémologie de type platonicien."

 

Descartes empruntera également aux philosophes matérialistes leur conception du corps : "L’anthropologie de Descartes, si elle est de tendance platonicienne et idéaliste (…) du côté de ‘l’âme’, associée au corps d’une manière purement extrinsèque (…) – s’apparente fortement [côté ‘corps’] au matérialisme atomiste, et les matérialistes français du XVIIIe, du XIXe et même du XXe siècle sauront en faire leur profit, tout simplement parce que le corps, chez Descartes, n’est pas (…) informé par l’âme. Il peut donc subsister à part et sans information. N’étant pas informé, sa structure, sa composition, sont de type mécanique. Il s’apparente aux machines que l’homme fabrique. Si le corps ou l’organisme n’est pas un système informé, on ne voit pas comment il pourrait recevoir de l’information qui vient du dehors. Si c’est une machine associée à un psychisme (…), il ne peut pas recevoir de l’information. Et d’ailleurs, Descartes nie qu’il y ait de l’information dans la nature, pour lui, tout est mécanique. Il n’y a donc pas à recevoir, de l’Univers et de la nature, l’information qui ne s’y trouve pas. C’est l’exclusion de la méthode expérimentale. Toute connaissance principale devra être obtenue a priori, par pure déduction à partir du moi, à partir du sujet pensant qui se connaît immédiatement lui-même." [5]

       


[1] Cf. notre article du 2 août 2011, "Quand donc l'âme atteint-elle la vérité?"

[2] Cf. notre article du 9 octobre 2011, 1er présupposé de la méthode déductive : "le monde est ma représentation"

[3] Claude Tresmontant, in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 161.

[4] Cf. notre article du 8 août 2011, La métaphysique de René Descartes.

[5] Ibid., pp. 162-163.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 20:31

"Il existe des preuves de l'existence de Dieu,

qui partent de l'Univers, de la nature."

 

(Claude Tresmontant, in Le Prophétisme hébreu, François-Xavier de Guibert, 1997, p. 136)

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 00:00

EMB-CTDeuxième ouvrage de Claude Tresmontant qui a obtenu l’Imprimatur, Etudes de métaphysique biblique (1955) entend mettre en évidence la cohérence et l’originalité de la métaphysique chrétienne, laquelle mérite autant d’attention que toutes les autres, qu’elles soient de l’Inde, de la Grèce ou d’ailleurs.

 

"Le premier Essai était surtout descriptif (Essai sur la pensée hébraïque). Dans cette seconde étape le point de vue sera davantage critique." (p. 10)

 

D’emblée, Tresmontant se refuse à tout concordisme ; il n’est pas question d’appliquer au réel, coûte que coûte, ce qui est écrit dans les Ecritures ; celles-ci n’ont jamais eu d’autre vocation que de proposer un message spirituel ; elles ne sont pas un traité de physique. Sans se limiter à une présentation détaillée – c’était l’objet de son premier essai – Tresmontant compare la métaphysique biblique avec les autres qui lui sont opposées, en prenant soin de suivre ce que les sciences expérimentales nous révèlent du monde de manière certaine.

 

L’enjeu est exigeant : "La métaphysique biblique est-elle vraie ?"

 

Pour répondre à cette importante question, Tresmontant effectue un véritable déblaiement. La métaphysique biblique est une philosophie, dans la mesure où elle traite de l’être intégralement mais "n’est pas repliée sur soi, ni suffisante" (p. 11). A-t-elle une spécificité ? Oui, comme les autres métaphysiques… mais elle n’est absolument pas comparable avec aucune d’entre elles ; elle est strictement originale et, surtout, ouverte au réel.

 

Par exemple, Tresmontant fait très simplement observer que l’idée de création "n'est pas une idée naturelle à la pensée humaine. C'est une idée qui remonte une pente et rencontre, quand elle se présente, une résistance. Elle ne vient pas naturellement à l'esprit des métaphysiciens." (p. 38)

 

Il rappelle qu’aucune métaphysique de la création n’a été présentée ailleurs que dans le milieu hébraïque ; loin d’être achevée, la création est en train de se faire.

 

De plus, l’eschatologie est une idée biblique qui traduit un refus du schéma cyclique propre à la plupart des métaphysiques humaines. Le temps est ici VECTORIEL ; pas d’éternel retour, ce qui lui permet d’affirmer : "Les prophètes hébreux ont été les fondateurs et les promoteurs d'une science de l'histoire." (p. 180)

 

La loi d'entropie :

 

Tresmontant en profite pour s’arrêter sur le second principe de thermodynamique de Carnot-Clausius qui démontre l’entropie"la plus métaphysique des lois de la physique" selon Bergson, stipulant que l’univers entier se modifie dans le temps, dans une direction constante.

 

Chose amusante, par le biais d’Emile Meyerson, chimiste de formation et épistémologue, on constate que cette loi de l’entropie a eu beaucoup de difficulté pour être acceptée dans le milieu scientifique. L’exemple le plus célèbre est celui de Haeckel, le biologiste partisan de la théorie moniste selon laquelle l’Univers est la seule Substance :

 

"Si cette théorie de l’entropie était exacte, il faudrait qu’à cette fin du monde qu’on admet correspondît aussi un commencement… Ces deux idées, d’après notre conception moniste et rigoureusement logique du processus cosmogénétique éternel, sont aussi inadmissibles l’une que l’autre ; toutes deux sont en contradiction avec la loi de la substance… La seconde proposition de la théorie mécanique de la chaleur contredit la première et doit être sacrifiée." (citation dans Haeckel, Les énigmes de l’Univers, Paris, 1902, cité par E. Meyerson, Identité et réalité, p. 302)

 

Il faut le relire pour le croire : selon Haeckel, il faut SACRIFIER un fait d’expérience pour préférer nos a priori métaphysiques !

 

Haeckel va jusqu’à déformer le principe de Carnot en minimisant son champ d’application ; ainsi, à ses yeux, l’entropie ne viserait que des "processus particuliers", alors que "dans le grand Tout du Cosmos, les choses se passent bien autrement." (Ibid.)

 

Selon Arrenius, si cette loi était exacte, "cette mort calorique devrait déjà s’être établie depuis les temps infinis que le monde existe." (Cité Ibid.)

 

Or, c’est bien ce qui fait question : est-ce que le monde existe depuis une éternité comme s’accordent à le penser, selon un réflexe éminemment psychologique, la plupart des savants ? La réponse est non puisque, de fait, l’entropie est un phénomène spatio-temporel. La dégradation rejoint ainsi l’évolution, ce qui pousse Tresmontant à écrire : "L'évolution biologique, découverte au siècle dernier, a enseigné à la philosophie ce que signifiait le temps." (p. 91)

 

L’ouvrage est important. Il révèle qu’en opposition à la cohérence de la métaphysique biblique, spirituelle, il existe une métaphysique psychologique qui continue d’être ignorée et que l’on peut pratiquer comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : c’est la gnose. Il s’agit d’un déisme qui enseigne l’existence d’un Dieu impersonnel ; la divinisation de l’univers, lui conférant son éternité, est emblématique de cette préférence psychologique.

 

La grande conclusion du sondage effectué est éclairante. La métaphysique biblique n’est pas seulement originale, elle est en avance sur son temps. Mieux : rien dans le réel ne contredit ce qu’elle propose. Bien au contraire, les sciences expérimentales ne font que confirmer ce qu’elle dit au sujet du temps, de l’espace, de l’anthropologie, du réel tout entier.

 

En somme, le lecteur découvre une analyse comparée minutieuse qui préfigure Les métaphysiques principales élaborées selon un crescendo.

 

Introduction

Chapitre I : La métaphysique biblique et le réel.

Chapitre II : La création du monde

Chapitre III : La temporalité du monde

Chapitre IV : La temporalité de la Genèse

Chapitre V : De la métaphysique à la théologie biblique

Chapitre VI : Eléments pour une philosophie biblique de l'histoire

Epilogue

Excursus I : La notion de miracle

Excursus II : Notes sur la permanence de la gnose dans la philosophie occidentale

Excursus III : Traduction de Genèse III

 

Quelques citations :

 

"Lève la tête, ô Jérusalem, et vois ceux qui t'opprimaient, te reprochant sans cesse de léser les droits de la raison et d'importer des mythes irrationnels dans l'ordre hellénique. Que reste-t-il des arguments dont ils te fatiguaient ? Regarde, toi qui as conservé la foi : c'est le réel maintenant qui te donne raison." (p. 34)

 

"Si l'on nous avait demandé, voici quelques milliards d'années, si la vie animale, l'existence d'êtres aussi complexes et perfectionnés que l'homme, étaient possibles, nous aurions certainement répondu, devant l'univers physique, les galaxies gazeuses, la pauvreté des corps chimiques alors en présence, la terre déserte et vide : non." (p. 226)

 

"Les chrétiens du temps des Césars ont été condamnés à mort comme « athées ». Saint Justin répliquait : 'On nous appelle athée ; oui certes nous reconnaissons que nous sommes athées de ces soi-disant dieux'." (Apo, VI) (p. 37)

 

"La métaphysique biblique a été, dans l'historie des philosophies, en un sens la moins religieuse, puisqu'elle a été la plus libre de toute mythologie, de toute irrationnelle et affective, la plus pure de toute idolâtrie." (p. 38) 

 

 

 

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 11:48

 

L’idée selon laquelle 'le monde objectif n'existe pas en dehors de la conscience qui en détermine les propriétés' [1] se heurte à notre expérience la plus immédiate, ainsi qu’aux découvertes des sciences positives – qui attestent que l’univers recèle en lui-même des richesses que nous ne soupçonnions pas, et que nous ne pouvions pas découvrir par nous-même. Chaque jour nous révèle l’inévidence de l’univers, son inadéquation avec nos pensées spontanées et nos idées premières. C'est lui, l'univers, qui informe notre pensée et la guide, la forme, bien plutôt que l'inverse. 

 

"Le philosophe, dans les temps modernes, a trop souvent oublié que ce n’est pas lui qui a créé le monde, comme si la connaissance était une production, un mouvement qui va du philosophe au monde. Le savant ne partage pas ce préjugé idéaliste : il sait que toute connaissance vient de l’expérience, que la connaissance part de l’expérience. L’expérience est vraiment nourriture pour l’esprit". [2]

 

Ce n’est pas nous qui produisons l’univers – car l’univers existait avant nous, et il continuera d’exister après nous. Le monde n’est pas notre représentation. Le monde, il est, indépendamment de notre représentation – et nous nous le représentons tel qu’il est, objectivement parlant. Encore faut-il le connaître tel qu’il est réellement pour que notre représentation soit juste – encore faut-il chercher en lui la nourriture dont notre intelligence a besoin pour se développer et accroître sa connaissance. Car c’est lui, l'univers, qui façonne notre raison – et non l’inverse. "Est-il vrai qu’il y ait eu constitution a priori de la raison, indépendamment de l’expérience ? N’est-ce pas plutôt la réalité objective qui impose à l’homme connaissant ces principes de la raison qui sont en fait les principes de l’être ?" [3]

 

"La question est de savoir si l’on peut faire la critique de la raison antérieurement à l’exercice effectif de cette raison, c’est-à-dire en traitant la raison comme un organe dont on fait l’anatomie indépendamment de son action et de son opération. En fait, une critique de la raison, comme on l’a souvent remarqué, doit bien plutôt être une réflexion sur l’exercice de l’intelligence en train d’opérer et de connaître. Car l’intelligence est l’acte même de saisir, de connaître, de comprendre ce qui est. Elle n’est pas une chose qu’on peut analyser, dont on puisse faire l’autopsie, indépendamment de cet acte. L’acte d’intelligence est une relation vivante. On ne peut pas étudier l’intelligence comme si elle était un organe, et en coupant entre le sujet connaissant et l’objet connu ce que précisément il ne fallait pas couper : la relation même, qui est la connaissance." [4]

 

La prétention du philosophe idéaliste échoue par ailleurs dans sa tentative de produire une Pensée universelle, valable pour tous - ce à quoi on devrait normalement s'attendre si la pensée du philosophe était véritablement une "étincelle" de l'Esprit divin Universel [5]. On observe en effet dans l’histoire de la pensée, une multitude de doctrines et de systèmes philosophiques qui se contredisent les uns les autres, et dont aucun ne peut être dit universel. Le sentiment que cette diversité inspire est que l’homme est incapable d’atteindre la vérité ; que la vérité est inaccessible à l’homme. L’idéalisme (qui est pourtant "croyant" en un sens, puisqu’il professe l’existence de l'Être absolu qui est Esprit, et que d’aucuns appellent Dieu [6]) engendre le scepticisme, et in fine l’athéisme… [7]

 

La vérité est inaccessible à l’homme, en effet,… si l’on adopte la méthode déductive de raisonnement métaphysique. Car chaque philosophe proposera SA pensée subjective, SA vérité, et se heurtera… à LA pensée subjective et à LA vérité de tel autre philosophe. "Si l’on adopte cette conception [idéaliste] de la philosophie, il ne faudra pas s’étonner qu’il y ait diversité infinie de systèmes philosophiques, qui exprimeront chacun la psychologie de son auteur (…). Cela est vrai (…) de plusieurs parmi les grands systèmes de la philosophie : ce sont des psychologies transposées en métaphysiques." [8]

 

Il faut donc revoir la méthode de raisonnement métaphysique et se demander s’il n’existe pas une autre manière de penser que selon la méthode déductive. Selon Kant, il n’y en a pas. Claude Tresmontant passera sa vie à démontrer le contraire, à savoir : l’existence d’une autre méthode de raisonnement, plus objective, plus scientifique, qui se donne pour point de départ non la pensée du philosophe, mais l’observation du donné objectif et l'expérience. Si l’on a affaire à "des philosophies constituées a priori, indépendamment de l’expérience, ou même à l’encontre de l’expérience, il faut pas s’étonner qu’elles ne parviennent plus à se mettre d’accord entre elles. Autant de philosophes, autant de philosophies. Chacun peut reconstruire le monde à sa façon, dans l’imaginaire. Mais si l’on (…) part de l’expérience, si l’on admet, comme en science, que l’expérience est le donné d’où l’on part et le critère de la vérité, le philosophe ne pourra plus dire n’importe quoi. Et entre les philosophes multiples, un accord sera possible." [9] La raison humaine pourra croire de nouveau en ses capacités d’atteindre la vérité.

 


[1] On trouve l'expression de cette étonnante profession de foi kantienne sous la plume des frères Bogdanov, in Dieu et la science, Grasset 1991, p. 17 - le verbe "être" étant néanmoins remplacé en cette page par le verbe "sembler".

[2] Cf. Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu, Seuil 1966, p. 46.

[3] Ibid., p. 59-60.

[4] Ibid., p. 62.

[5] Cf. notre article du 9 octobre 2011, 1er présupposé de la méthode déductive : "le monde est ma représentation"

[6] tel Spinoza.

[7] Si je ne puis connaître la vérité objective, comme savoir si Dieu existe? Et s'il n'est de vérité que subjective - si je suis moi-même producteur de vérité (comme je le suis de ma représentation du monde) -, alors je peux décider moi-même que Dieu n'existe pas... Cela me fait irrésistiblement songer à la fameuse formule de Maxime Gorki : "Si tu crois en Dieu, il existe ; si tu n'y crois pas, il n'existe pas."

[8] Ibid., p. 65.

[9] Ibid., p. 66-67.

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 11:51

La méthode déductive, nous l’avons vu [1], prend comme point de départ de la réflexion métaphysique non pas l’univers physique et la nature – telle qu’ils nous sont découverts par les sciences positives –, mais le MOI du philosophe, sa pensée, le cogito.

 

C’est dans la pensée du philosophe que se trouve la clef de compréhension de toute la réalité qui nous environne. C’est elle, et elle seule, qui peut nous en livrer le secret. Le monde, en lui-même, n’a rien à nous dire, rien à nous enseigner ; il n’a aucune information à nous communiquer. Car l’idée (pour reprendre un concept platonicien) ne va pas du monde à notre esprit, mais bien au contraire : de notre esprit au monde. C’est l’esprit qui donne au monde (de la matière et des corps) son contenu intelligible - et ainsi, son existence en tant que "monde" ; sans l’esprit, le monde serait inintelligible, inexistant.

 

Le présupposé que sous-tend cette appréciation, est que "le monde est ma représentation" – pour reprendre la formule fameuse d’Arthur Schopenhauer ("Die Welt ist mein Voerstellung"). Le monde n’est conçu que comme une projection de l’esprit – une simple apparence, un reflet.

 

On comprend mieux pourquoi les sciences positives et expérimentales ne présentent guère d’intérêt pour les adeptes de la méthode déductive… [2] "Si le monde n’est que ma représentation, à quoi bon une philosophie de la nature, une cosmologie… Si le monde est ma représentation, la philosophie doit partir du sujet et non du monde. Bien plus, la philosophie restera enfermée dans le sujet connaissant." [3]

 

Si le monde est ma représentation, et si les "idées" ne se trouvent que dans l’esprit du philosophe qui pense – non dans la nature – cela implique que la seule réalité existante et véritablement consistante, c’est la Pensée, l’Esprit. Les Upanishads de l’Inde antique auraient dit : "Le Brahman" ; Plotin : "l’Un" ; Spinoza : "la Substance"

 

On voit bien ainsi à quel type de métaphysique se rattache le raisonnement déductif : nous sommes ici, en plein, dans l’univers mental du monisme a-cosmique [4] (père de l’idéalisme), selon lequel il n’y a qu’un seul Être existant, qui n’est pas la Matière mais l’Esprit – le monde matériel n’étant qu’un mirage, une illusion, une apparence, produite par l’Esprit (par l’effet d’une "chute" de l’Un dans la Multiplicité de la matière).

 

Dans cette doctrine, la pensée du philosophe n’est rien moins qu’une parcelle de la Pensée de l’Unique Esprit (que Spinoza appelle aussi "Dieu"…) – ce qui explique la prétention exorbitante des philosophes de cette mouvance d’énoncer des vérités universelles, valables pour tous, quand bien même elles jaillissent de leur intelligence particulière.

 

Le présupposé fondamental (inconscient peut-être, chez nombre de philosophes "déductivistes"), c’est que le MOI du philosophe participe du MOI divin qui produit le monde de la matière et des corps par voie d’émanation (conçue comme une dégradation, une "chute") ; c'est que le MOI du philosophe est… divin. "Vous serez comme des dieux" sussurait déjà le perfide serpent à nos premiers parents, dans le jardin d'Eden...

 

"Selon les systèmes idéalistes les plus évolués, les plus conséquents, le monde n’est pas pour le sujet qui le connaît un donné. Le monde est une production de l’Esprit. "Le monde est ma représentation". Ce monde que je m’applique à connaître, je l’ai produit auparavant, dans les profondeurs inconscientes de mon moi qui est en sa racine ontologique identique au Moi absolu. Au niveau ontologique, je suis l’Absolu, et c’est le Moi absolu qui produit ce monde qu’ensuite le moi individuel s’appliquera à connaître. Pour le métaphysicien idéaliste, il est donc possible en droit de déduire la connaissance du monde d’une intuition ontologique par laquelle je m’identifie à l’Absolu que je suis originellement. En fait, le monde est ainsi déduit du moi absolu. La connaissance pourra donc l’être aussi." [5]

 

"(…) Selon les plus grands et les plus prestigieux systèmes idéalistes, le sujet individuel que je suis est en fait, par sa racine ontologique, Dieu lui-même. "Cela, l’Absolu, tu l’es." [6] (…) L’Absolu se manifeste mais il ne crée pas à proprement parlé des êtres autres que lui. Les êtres multiples sont consubstantiels à l’Absolu (...). Nous sommes des modalités de l’Un. La matière elle-même n’est pas une créature étrangère à l’essence divine : la matière est du divin pétrifié, la nature est l’Esprit aliéné (…). L’esprit humain est par nature consubstantiel à l’Esprit absolu. L’esprit humain est divin par nature (…). La connaissance ne procède pas à partir d’une lente, méthodique, laborieuse exploration du monde extérieur, par la science positive et par l’expérimentation. La Connaissance digne de ce nom s’atteint par une conversion : nous nous détournons de l’illusion que constitue la multiplicité apparente des êtres, et nous nous souvenons de la vérité de notre propre nature, qui est divine. Nous retournons à notre patrie originelle, à l’Un que nous n’avons jamais en notre racine ontologique cessé d’être." [7]

 

"Du point de vue de l’idéalisme, la vérité ne se définit que par rapport à l’intelligence humaine qui connaît, et ce qu’elle connaît n’a pas été créé antérieurement à elle. Il n’y a pas dans les choses de vérité antérieurement au sujet connaissant humain." [8] Etienne Gilson, au sujet de l'idéalisme kantien, ne dit pas autre chose : "On peut dire qu’en un sens le kantisme consiste à attribuer à la pensée de l’homme la fonction créatrice d’intelligibilité que le Moyen-Âge réservait à Dieu… Notre intellect joue chez Kant, à l’égard des choses naturelles, le rôle de Saint Thomas réserve à l’intellect divin." [9] 

 


[1] Cf. notre article du 30 juillet 2011, Méthode déductive vs méthode inductive.

[2] Cf. nos articles des 24 août 2011, Le dogme de la philosophie moderne, et 2 septembre 2011, Le divorce entre la science et la philosophie.

[3] Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu, Seuil 1966, p. 33

[4] Cf. notre article du 7 juillet 2011, Un penseur du monothéisme hébreu.

[5] Claude Tresmontant, in La métaphysique du christianisme et la crise du XIIIe siècle, Seuil 1964, p. 329

[6] "Lorsque les Upanishad furent traduites en allemand au début du XIXe siècle, les philosophes et les poètes qui sont dans la gloire de l’idéalisme allemand se sont reconnus dans cette métaphysique qui leur venait de l’Inde ancienne. C’est notre métaphysique, ont-ils immédiatement pensé et dit. Les thèses et les thèmes fondamentaux du néo-platonisme occupent une place centrale dans la pensée de Fichte et de Schelling. On sait quelle part Schopenhauer a faite au platonisme et au brahmanisme dans la genèse de sa propre philosophie." (Claude Tresmontant, Ibid., pp. 329-330)

[7] Ibid., p. 330

[8] Ibid., p. 332

[9] Ibid., p. 332 (en note de bas de page, point 4.)

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 00:00

 

Chers amis,

 

En exclusivité absolue sur ce blog, voici la troisième partie d'une interview audio donnée par Claude Tresmontant en décembre 1996, quatre mois seulement avant sa mort.

 

Interrogé par Jérôme Dufrien - qui nous a fait l'honneur et la grâce de nous confier la diffusion de ce document exceptionnel -, Claude Tresmontant revient sur les grands thèmes de son oeuvre.

 

Dans ce nouvel extrait que nous publions aujourd'hui, Claude Tresmontant nous parle de l'athéisme - et nous explique pourquoi, selon lui, il est impensable. 

      

 

Dans le prochain extrait, que nous publierons le 5 novembre prochain, Claude Tresmontant évoquera le problème de la Révélation divine - et abordera la question de son authenticité.

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