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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 00:00

EMB-CTDeuxième ouvrage de Claude Tresmontant qui a obtenu l’Imprimatur, Etudes de métaphysique biblique (1955) entend mettre en évidence la cohérence et l’originalité de la métaphysique chrétienne, laquelle mérite autant d’attention que toutes les autres, qu’elles soient de l’Inde, de la Grèce ou d’ailleurs.

 

"Le premier Essai était surtout descriptif (Essai sur la pensée hébraïque). Dans cette seconde étape le point de vue sera davantage critique." (p. 10)

 

D’emblée, Tresmontant se refuse à tout concordisme ; il n’est pas question d’appliquer au réel, coûte que coûte, ce qui est écrit dans les Ecritures ; celles-ci n’ont jamais eu d’autre vocation que de proposer un message spirituel ; elles ne sont pas un traité de physique. Sans se limiter à une présentation détaillée – c’était l’objet de son premier essai – Tresmontant compare la métaphysique biblique avec les autres qui lui sont opposées, en prenant soin de suivre ce que les sciences expérimentales nous révèlent du monde de manière certaine.

 

L’enjeu est exigeant : "La métaphysique biblique est-elle vraie ?"

 

Pour répondre à cette importante question, Tresmontant effectue un véritable déblaiement. La métaphysique biblique est une philosophie, dans la mesure où elle traite de l’être intégralement mais "n’est pas repliée sur soi, ni suffisante" (p. 11). A-t-elle une spécificité ? Oui, comme les autres métaphysiques… mais elle n’est absolument pas comparable avec aucune d’entre elles ; elle est strictement originale et, surtout, ouverte au réel.

 

Par exemple, Tresmontant fait très simplement observer que l’idée de création "n'est pas une idée naturelle à la pensée humaine. C'est une idée qui remonte une pente et rencontre, quand elle se présente, une résistance. Elle ne vient pas naturellement à l'esprit des métaphysiciens." (p. 38)

 

Il rappelle qu’aucune métaphysique de la création n’a été présentée ailleurs que dans le milieu hébraïque ; loin d’être achevée, la création est en train de se faire.

 

De plus, l’eschatologie est une idée biblique qui traduit un refus du schéma cyclique propre à la plupart des métaphysiques humaines. Le temps est ici VECTORIEL ; pas d’éternel retour, ce qui lui permet d’affirmer : "Les prophètes hébreux ont été les fondateurs et les promoteurs d'une science de l'histoire." (p. 180)

 

La loi d'entropie :

 

Tresmontant en profite pour s’arrêter sur le second principe de thermodynamique de Carnot-Clausius qui démontre l’entropie"la plus métaphysique des lois de la physique" selon Bergson, stipulant que l’univers entier se modifie dans le temps, dans une direction constante.

 

Chose amusante, par le biais d’Emile Meyerson, chimiste de formation et épistémologue, on constate que cette loi de l’entropie a eu beaucoup de difficulté pour être acceptée dans le milieu scientifique. L’exemple le plus célèbre est celui de Haeckel, le biologiste partisan de la théorie moniste selon laquelle l’Univers est la seule Substance :

 

"Si cette théorie de l’entropie était exacte, il faudrait qu’à cette fin du monde qu’on admet correspondît aussi un commencement… Ces deux idées, d’après notre conception moniste et rigoureusement logique du processus cosmogénétique éternel, sont aussi inadmissibles l’une que l’autre ; toutes deux sont en contradiction avec la loi de la substance… La seconde proposition de la théorie mécanique de la chaleur contredit la première et doit être sacrifiée." (citation dans Haeckel, Les énigmes de l’Univers, Paris, 1902, cité par E. Meyerson, Identité et réalité, p. 302)

 

Il faut le relire pour le croire : selon Haeckel, il faut SACRIFIER un fait d’expérience pour préférer nos a priori métaphysiques !

 

Haeckel va jusqu’à déformer le principe de Carnot en minimisant son champ d’application ; ainsi, à ses yeux, l’entropie ne viserait que des "processus particuliers", alors que "dans le grand Tout du Cosmos, les choses se passent bien autrement." (Ibid.)

 

Selon Arrenius, si cette loi était exacte, "cette mort calorique devrait déjà s’être établie depuis les temps infinis que le monde existe." (Cité Ibid.)

 

Or, c’est bien ce qui fait question : est-ce que le monde existe depuis une éternité comme s’accordent à le penser, selon un réflexe éminemment psychologique, la plupart des savants ? La réponse est non puisque, de fait, l’entropie est un phénomène spatio-temporel. La dégradation rejoint ainsi l’évolution, ce qui pousse Tresmontant à écrire : "L'évolution biologique, découverte au siècle dernier, a enseigné à la philosophie ce que signifiait le temps." (p. 91)

 

L’ouvrage est important. Il révèle qu’en opposition à la cohérence de la métaphysique biblique, spirituelle, il existe une métaphysique psychologique qui continue d’être ignorée et que l’on peut pratiquer comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : c’est la gnose. Il s’agit d’un déisme qui enseigne l’existence d’un Dieu impersonnel ; la divinisation de l’univers, lui conférant son éternité, est emblématique de cette préférence psychologique.

 

La grande conclusion du sondage effectué est éclairante. La métaphysique biblique n’est pas seulement originale, elle est en avance sur son temps. Mieux : rien dans le réel ne contredit ce qu’elle propose. Bien au contraire, les sciences expérimentales ne font que confirmer ce qu’elle dit au sujet du temps, de l’espace, de l’anthropologie, du réel tout entier.

 

En somme, le lecteur découvre une analyse comparée minutieuse qui préfigure Les métaphysiques principales élaborées selon un crescendo.

 

Introduction

Chapitre I : La métaphysique biblique et le réel.

Chapitre II : La création du monde

Chapitre III : La temporalité du monde

Chapitre IV : La temporalité de la Genèse

Chapitre V : De la métaphysique à la théologie biblique

Chapitre VI : Eléments pour une philosophie biblique de l'histoire

Epilogue

Excursus I : La notion de miracle

Excursus II : Notes sur la permanence de la gnose dans la philosophie occidentale

Excursus III : Traduction de Genèse III

 

Quelques citations :

 

"Lève la tête, ô Jérusalem, et vois ceux qui t'opprimaient, te reprochant sans cesse de léser les droits de la raison et d'importer des mythes irrationnels dans l'ordre hellénique. Que reste-t-il des arguments dont ils te fatiguaient ? Regarde, toi qui as conservé la foi : c'est le réel maintenant qui te donne raison." (p. 34)

 

"Si l'on nous avait demandé, voici quelques milliards d'années, si la vie animale, l'existence d'êtres aussi complexes et perfectionnés que l'homme, étaient possibles, nous aurions certainement répondu, devant l'univers physique, les galaxies gazeuses, la pauvreté des corps chimiques alors en présence, la terre déserte et vide : non." (p. 226)

 

"Les chrétiens du temps des Césars ont été condamnés à mort comme « athées ». Saint Justin répliquait : 'On nous appelle athée ; oui certes nous reconnaissons que nous sommes athées de ces soi-disant dieux'." (Apo, VI) (p. 37)

 

"La métaphysique biblique a été, dans l'historie des philosophies, en un sens la moins religieuse, puisqu'elle a été la plus libre de toute mythologie, de toute irrationnelle et affective, la plus pure de toute idolâtrie." (p. 38) 

 

 

 

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 19:45

1- Essai sur la pensée hébraïque (2)Disons-le sans fioritures, il s’agit d’un monument de la philosophie. Même si, dès l’introduction, Tresmontant prend soin de se présenter en tant que "philosophe" et non en tant que "théologien", il ne faudrait pas minimiser l’ordre nouveau ici à l’oeuvre.

 

En effet, peut-on vraiment parler de philosophie ? Pourquoi ne pas se risquer à proposer un mot, certes longtemps galvaudé au point de paraître ronflant mais qui mériterait de retrouver tout son suc : une simple "vérité" ? A moins que ce soit de l’ "amour" ? Peut-être que les deux sont indissociables. « Ceux qui croient que la science critique tue l'amour seront bien étonnés. » (p. 10)

 

Paru dans la collection Lectio divina, aux éditions du Cerf, l’essai rejoint la tradition de la lecture de la Bible ; une lecture pesée, pensée, durant l’époque patristique et le Moyen Age, comme le rapporte la petite note au début de l’ouvrage.

 

Néanmoins, le professeur se veut modeste d’emblée : « Ce travail n’est qu’une esquisse, ou, si l’on veut, une épure. » (p. 11)

 

Son importance est d’autant plus grande qu’elle s’inscrit dans un contexte précis ; nous sommes en 1953, l’Essai sur la pensée hébraïque est le premier ouvrage publié de Tresmontant, fort de l’Imprimatur, au temps où le marxisme était la philosophie tentante du milieu universitaire français. Proposer un tel « essai » était à tout le moins surprenant, pour ne pas dire insignifiant aux yeux de l’institution.

 

Plus qu’un essai, il s’agit d’un exposé didactique : il vise à enseigner, en toute clarté – « honneur de l’intelligence » selon l’expression du professeur. Pédagogue, Tresmontant nous invite à retrouver le sens de la pensée hébraïque qui est une pensée qui mérite au moins la même attention que les pensées grecques, hindoues ou de n’importe quelle autre métaphysique.

 

Ce n’est pas parce que nous sommes dans le domaine de la Révélation qu’il n’existe pas de "pensée", c’est-à-dire une "information" ; d’autre part, ce n’est pas parce qu’il y a "Révélation" et ouverture au surnaturel que la part humaine est rejetée, bien au contraire.

 

Dans d’autres ouvrages que nous verrons plus tard, Tresmontant signale que la révélation est tout sauf une dictée, comme dans le cas du Coran. Elle respecte la nature humaine ; elle l’appelle. « Les prophètes ne sont pas des porte-plumes de Dieu. Ce sont des coopérateurs que Dieu s'est suscités, qu'il a créés. » (Cf. Les origines de la philosophie chrétienne, page 18)

 

Il est impossible de résumer ce livre tant sa richesse impose au lecteur un arrêt à chaque page. La table des matières peut déjà mettre en évidence l’ensemble :

 

Avertissement

Introduction

Chapitre premier – la création et le créé

I. La création

II. Le temps

III. Le temps et l’éternité

IV. Création et fabrication. L’idée de matière.

V. Le sensible. Le symbolisme des éléments. Le mâshâl. Le particulier.

VI. Israël. La philosophie de l’histoire.

VII. L’incarnation.

Chapitre II – Schéma de l’anthropologie biblique.

I. L’absence du dualisme âme-corps.

II. La dimension nouvelle : le pneuma.

Chapitre III – L’intelligence

I. Le cœur de l’homme

II. La pensée et l’action

III. L’intelligence spirituelle qui est la foi

IV. Le « renouvellement de l’intellect » et la philosophie chrétienne.

Conclusion

Excursus I – Le néo-platonisme de Bergson.

Excursus II – Le souci.

Excursus III – La pensée hébraïque et l’Eglise.

 

Quelles leçons retenir ?

 

1. Tout d’abord, le monde est créé par un Etre incréé (Dieu) – la Kabbale juive refuse, entre autres, cette création ; c’est un acte d’amour, ce qui est redondant dans la formulation. Professer cela dans le monde antique pour qui l’univers était incréé ou un éternel recommencement restait un scandale, un blasphème. Le temps est vectoriel, telle une ascension : pas de recherche du temps perdu, guère de nostalgies, ici, mais un horizon, un déploiement, jusqu’à l’exode s’il le faut.

 

2. « Problème capital de la métaphysique chrétienne » selon Blondel et Laberthonnière, l’amour est aussi un terme central de l’ouvrage ;  on aurait tort de rejeter l’Agapè au nom d’un romantisme dégoulinant avec lequel on l’a trop souvent confondu.

 

Pour la pensée hébraïque, l’amour vise un être, une personne ; c’est une relation. Cette personne est bonne, sa chair est bonne : la chair est la totalité humaine, non le corps comme dans le dualisme platonicien.

 

Nous n’avons pas une âme : nous SOMMES une âme. Nous sommes une âme vivante appelée à être un esprit vivifiant, « ruach ». Cela change tout dans le domaine de l’anthropologie, de l’être.

 

Le sensible est porteur de sens ; il est signe, symbole à déchiffrer dans son infinie richesse. Ce n’est pas du « chaos ».

 

Il existe une phrase qui peut résumer l’ensemble du livre, si cela est permis : « La pensée hébraïque pourrait s'appeler un matérialisme poétique, ou un idéalisme charnel. » (p. 54)

 

Tresmontant a parfois traité de l'Agapè d'un point de vue philosophique.

 

Certes, dans son Introduction à la théologie chrétienne (1974) couronnée par l'Académie française, il l'envisageait d'un regard humoristique, presque caustique : « On répète Agapè comme de la grande pâtisserie qui écoeure, donne des crises de foie. Les choses les plus précieuses - et celle-ci est sans doute la plus précieuse - doivent être nommées avec pudeur, et rarement. Comme il est rare, très rare (l'amour), on ferait bien d'en parler peu, très peu. » (p. 513)

 

« En réalité, pour traiter de l'agapè, que nous n'osons plus traduire en français, il faut se détourner du pathos régnant à ce sujet, prendre ses distances à l'égard de ce qui est affectif, et s'orienter, orienter la recherche dans le sens, dans la direction de l'ontologie fondamentale. » (p. 513-514)

 

Plus loin dans sa synthèse, il compare la fameuse conception spinoziste de l'amour avec l'agapè chrétienne : « L'amour n'est rien d'autre qu'une joie, avec, présente, (concomitante) l'idée d'une cause externe." (Ethique, III, prop.13, scholie) ; c'est la définition invertie de l'amour. L'amour n'est pas d'abord une joie : la joie est donnée par surcroît, elle accompagne l'acte comme la beauté accompagne la jeunesse. Mais l'amour, au départ, est bien autre chose qu'une joie. Il peut être, il est le plus souvent douleur. On peut aimer à travers la douleur. » (p. 514)

 

Loin de verser dans le masochisme ou le dolorisme, Tresmontant rappelle que « L'amour ne vise pas la joie, il vise un être, avec joie ou sans joie. » (p. 514)

 

Il finit par nous avouer, avec humilité : « Personne ne sait définir ce qu'est l'acte d'aimer, pas plus qu'on ne peut définir l'acte d'être, ni rien de ce qui est essentiel, et premier dans l'être. On peut paraphraser mais non définir. » (p. 514)

 

Il tente néanmoins l'ébauche d'une définition de l'agapè : « Acte dont la capacité nous est donnée par Dieu lui-même. » (p. 514) ;« c'est une "vertu", une puissance, une capacité, un acte, surnaturel. (...) Ce n'est pas quelque chose d'affectif, de sentimental. Ce n'est pas un sentiment. Elle ne relève pas de la psychologie. Elle ne tombe pas sous le regard du psychanalyste, pas plus que la foi ou l'espérance. Elle est de l'ordre du spirituel, au sens technique du terme dans la langue de la théologie chrétienne. » (p. 515)

 

Avant de finir sur ce sujet, dans ce livre : « Toute agapè est créatrice, et toute création est amante. » (p. 515)

 

A chaque don, il y a une création.

 

Tresmontant traite le problème de l'Agapè en le confrontant à l'éternel Eros platonicien. Voici le passage, très éclairant : « L'eros platonicien consiste à s'élever d'une beauté sensible particulière, à une autre beauté moins particulière, jusqu'à ce que l'on accède à la Beauté non sensible et universelle, dont toutes les beautés sensibles et particulières procèdent.

 

« La beauté de tel corps est une participation, un reflet partiel de la Beauté elle-même. Ce qu'aime l'amant platonicien, ce n'est pas tel être particulier, mais cette Beauté, qu'à travers lui, il aperçoit, et qui le fait entrer en contemplation par une réminiscence de l'universel. La beauté d'un être particulier est une allusion, qui fait penser l'amant à cette Beauté de "là-bas".

 

« La fidélité à cette Beauté véritable consistera donc à être infidèle à tel bien aimé particulier. Celui-ci n'est qu'une étape. Il faut fuir, il faut quitter pour atteindre l'objet de notre désir.

 

« Don Juan est néo-platonicien. Devant un visage de femme il entre en contemplation. Son amour, c'est l'eros platonicien. Ce qu'il aime, ce n'est pas telle femme particulière, mais une Féminité archétype dont chaque femme porte un reflet toujours incomplet. Don Juan recherche l'essence. Ce qu'il appelle aimer, c'est quitter chaque femme particulière pour partir en quête de cette beauté à laquelle il est fidèle.


« Au contraire, l'amour chrétien est un amour pour tel être particulier. Cette opposition entre contemplation et amour de type chrétien et ceux de type platonicien, tient aux structures de pensée profondes, aux attitudes diamétralement contraires à l'égard du sensible et du particulier. » (p. 67)

 

3. La sainteté de la raison. « La science des saints, c'est l'intelligence. » (Proverbes 9,10)

 

L'intelligence n'est pas un organon (= Kant) mais une Action, celle d'un dialogue, une relation existentielle entre deux libertés, celle de Dieu et celle de l'homme, un échange où Dieu donne l'intelligence par laquelle l'homme connaît les secrets du Roi, une circulation de Je à Tu. Il n'y a pas d'intelligence en dehors de cette circulation.

 

La foi, c’est l’intelligence. Encore aujourd’hui, de grands penseurs, même parmi les chrétiens, refusent de croire en une philosophie chrétienne. Par exemple, Rémi Brague écrit dans sa belle étude Au moyen du Moyen Age : « Il n’y a pas de « philosophie islamique », pas plus qu’il n’y a ou a eu une « philosophie juive » ou une « philosophie chrétienne ». Ce que, sans conteste, il y a eu, c’est un usage de pensées philosophiques de la part de musulmans, de chrétiens et de juifs. » (p.132)

 

Avant cela, Rémi Brague écrit : « Le christianisme distingue plus nettement entre une science spécifiquement chrétienne, la théologie, et une philosophie qui est, en principe, neutre par rapport à la foi. »

 

Tresmontant répondrait : Au nom de quel a priori (dogme ?) la philosophie doit-elle rester neutre vis-à-vis de la foi ? C’est ce principe qui est discutable – lui-même rarement discuté – principe que Blondel révèle en assurant une union véritable, une « compénétration vivante » dirait le Philosophe d’Aix, une « inclusion » dirait Brague. Unir la philosophie et l’ouvrir à la Révélation, ce n’est pas convertir la philosophie à la Révélation ; c’est au contraire présenter la Révélation comme rationnelle. C’est ériger la raison à son point le plus ultime. En revanche, si la philosophie devient irrationnelle, il est un devoir de l’écrire.

 

« La philosophie chrétienne est une pensée qui se développe à partir de ce renouvellement de l'intelligence. Si par « philosophie » on entend exclusivement la philosophie grecque, certes il n'y a pas de philosophie chrétienne. Si par « raison » on entend les catégories de la pensée hellénique, certes l'apport biblique n'est pas « rationnel ». Mais cela veut-il dire autre chose que ce fait contingent : la structure profonde de la pensée grecque n'est pas la même que celle de la pensée biblique ? De cette inéquation de fait peut-on déduire légitimement une condamnation valable en droit ? Toute la question est de savoir si les formes de la raison hellénique sont celles de la raison humaine. Il est à noter que ces catégories s'avèrent de plus en plus incapables en physique, en biologie, en psychologie, de comprendre le réel. Il faut, en science aussi, renouveler les catégories de notre intelligence. Il est de bon augure pour la pensée biblique que, dans cette inadéquation, elle se trouve du même côté que la réalité vivante. La logique grecque est-elle capable de comprendre la croissance d'un arbre à partir d'une graine ?

 

« Le propre de la philosophie chrétienne est de refuser d'évacuer les termes de l'apport biblique sous prétexte qu'ils sont durs à assimiler pour une intelligence caractérisée, comme dit Bergson, par une « incompréhension naturelle de la vie » (p. 140)

 

« Il y a une philosophie chrétienne, parce qu'il y a une problématique païenne qui est incompatible avec la révélation biblique. » (p. 143)

 

 

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 00:00

Essai sur la pensée hébraïque, éd. O.E.I.L., 1953 (réédition 1956).

Études de métaphysique biblique, éd. O.E.I.L., 1955 (réédition 1998).

Introduction à la pensée de Teilhard de Chardin, Éditions du Seuil, 1956.

Saint Paul et le mystère du Christ, Éditions du Seuil, collection « Maîtres spirituels », 1956 (réédition 2006).

La doctrine morale des prophètes d'Israël, Éditions du Seuil, 1958.

Essai sur la connaissance de Dieu, Éditions du Cerf, 1959.

La métaphysique du christianisme et la naissance de la philosophie chrétienne, prix Emmanuel-Mounier, Éditions du Seuil, 1961 (réédition 1968).

Maurice Blondel. Lucien Laberthonnière. Correspondance philosophique, éd. O.E.I.L., 1961.

Les origines de la philosophie chrétienne, éd. O.E.I.L., 1962.

Les idées maîtresses de la métaphysique chrétienne, Éditions du Seuil, 1962.

Introduction à la métaphysique de Maurice Blondel, Éditions du Seuil, 1963.

La métaphysique du christianisme et la crise du XIIIe siècle, Éditions du Seuil, 1964.

Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu, Éditions du Seuil, 1966 (rééditions 1971, 1989, 2002).

Le problème de la Révélation, Éditions du Seuil, 1969.

L'enseignement de Ieschoua de Nazareth, Éditions du Seuil, 1970 (réédition 1980).

Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Éditions du Seuil, 1970.

Le problème de l'âme, Éditions du Seuil, 1971.

Les problèmes de l'athéisme, Éditions du Seuil, 1972.

Introduction à la théologie chrétienne, Éditions du Seuil, 1974.

La mystique chrétienne et l'avenir de l'homme, Éditions du Seuil, 1977.

La crise moderniste, Éditions du Seuil, 1979 (réédition 1988).

Problèmes du christianisme, Éditions du Seuil, 1980.

Le prophétisme hébreu, éd. O.E.I.L., 1982 (réédition 1997).

Le Christ hébreuéd. O.E.I.L., 1983 (réédition 1992).

Apocalypse de Jean, éd. O.E.I.L., 1984 (réédition 2005).

Évangile de Jean, éd. O.E.I.L., 1984.

L'Histoire de l'Univers et le sens de la Création, éd. O.E.I.L., 1985 (rééditions 1990, 2006).

Évangile de Luc, éd. O.E.I.L., 1987.

Évangile de Marc, éd. O.E.I.L., 1988.

Évangile de Matthieu, éd. O.E.I.L., 1986 (réédition 1996).

L'opposition métaphysique au monothéisme hébreu : de Spinoza à Heidegger, éd. O.E.I.L., 1986.

Les premiers éléments de la théologie, François-Xavier de Guibert, éd. O.E.I.L., 1987.

Schaoul qui s'appelle aussi Paulus. La théorie de la métamorphose, éd. O.E.I.L., 1988.

Les métaphysiques principales : essai de typologie, éd. O.E.I.L., 1989.

Les malentendus principaux de la théologie, éd. O.E.I.L., 1990 (réédition 2007).

Les Évangiles : Jean, Matthieu, Marc, Luc, éd. O.E.I.L., 1991 (réédition 2007).

Problèmes de notre temps : chroniques, éd. O.E.I.L, 1991.

La question du miracle : à propos des Évangiles : analyse philosophique, éd. O.E.I.L., 1992.

Enquête sur l'Apocalypse : auteur, datation, signification, éd. O.E.I.L., 1994.

L'activité métaphysique de l'intelligence et la théologie, éd. O.E.I.L., 1996.

La finalité de la Création, le salut et le risque de perdition, éd. O.E.I.L., 1996.

Le Bon et le Mauvais. Christianisme et politique, éd. O.E.I.L., 1996.

Judaïsme et christianisme, éd. O.E.I.L., 1996.

La pensée de l'Église de Rome. Rome et Constantinople, éd. O.E.I.L., 1996.

La question de l'immortalité de l'âme, éd. O.E.I.L., 1996.

La Prescience de Dieu, la prédestination et la liberté humaine, éd. O.E.I.L., 1996.

La christologie du bienheureux Jean Duns Scot, l'Immaculée Conception et l'avenir de l'Église, Éditions du Seuil, 1997.

Quel avenir pour le christianisme ? : « Tâches de la pensée chrétienne aujourd'hui » et autres textes sur la problématique générale du christianisme, éd. O.E.I.L., 2001.

Anthologie, éd. O.E.I.L., 2012

 

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