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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 00:00

Une-vie-apres-l-accouchement.jpg

 

Toute ressemblance avec d'autres discussions serait purement fortuite! 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 12:41

"Il existe un fétichisme intérieur, que les psychologues découvrent petit à petit dans la psychè humaine. C'est une déformation intérieure. En somme, semble-t-il, toute forme d'immaturité affective est fétichiste. Elle consiste en une fixation sur un objet qui n'est pas absolu, - car unique est l'Absolu, et il est transcendant.

 

"La découverte de la transcendance, et de l'Absolu comme transcendance, est une libération par rapport à divers types d'idolâtrie. Dès lors que l'on a vu et compris que l'Absolu n'est rien de ce qui est du monde, on est libéré de la servitude de toutes les idoles, intérieures et extérieures. On accède à la liberté et à l'âge adulte.

 

"Celui qui est libéré de la puérile idolâtrie de l'argent, de l'abominable idolâtrie de l'Etat ou de la Nation, de la captivité de l'eros, celui-là devient un homme, un homme libre, un homme adulte.

 

"En somme, on peut définir la sainteté des saints comme la liberté par rapport à toutes les formes d'idolâtrie. Dans cette perspective, et si cette analyse est exacte, le saint est l'homme normal, le seul normal et adulte, parce que le seul libre. Celui qui n'est pas saint est encore un être infantile, prisonnier d'une multitude d'idolâtries, de fétichismes, extérieurs ou intérieurs, visibles ou invisibles."

 

(Claude Tresmontant, in "Le Problème de la Révélation", Seuil 1969, pp. 197-198)

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 00:00

"La première chose à faire, si nous voulons entreprendre une recherche philosophique, est (…) de savoir [quel point] de départ nous allons prendre.

 

"On nous dira peut-être que l'acceptation de tel ou tel point de départ est un choix a priori, en ce sens que ce choix présuppose une position philosophique. Or la vraie philosophie ne doit-elle pas être sans aucun a priori? Le philosophe n'est-il pas celui qui, progressivement, rejette tous les a priori pour être de plus en plus capable de saisir tout ce qui peut le conduire à la vérité? Tout a priori n'est-il pas une limitation qui nous enferme en nous-mêmes et nous empêche d'écouter l'autre, de le comprendre en ce que, précisément, nous ne sommes pas?

 

"Pour éviter tout a priori, il faut découvrir comme point de départ ce qu'il y a de plus radical et ce qui s'impose à notre connaissance comme excluant tout choix possible (tout choix, en effet, implique un aspect volontaire et, à ce titre, constitue un a priori pour notre connaissance). Autrement dit, le point de départ d'une philosophie réaliste — d'une philosophie qui refuse tout a priori — ne peut être que celui qui est plus radical que les autres et qui, par le fait même, ne peut être contenu par les autres. II faut donc que ce point de départ n'en présuppose aucun autre, sans pour autant les exclure, mais en les situant à leur place, selon leur valeur propre. Car le propre de la connaissance philosophique est d'être la plus radicale qui soit, la plus exhaustive, une connaissance primordiale et en même temps ultime, celle au-delà de laquelle on ne peut aller. Elle est donc ce qui correspond aux exigences les plus profondes de notre intelligence humaine, comme intelligence.

 

"Si nous regardons dans cette lumière les divers points de départ de la philosophie occidentale, il semble évident que le point de départ de la philosophie ne peut être que l'expérience au sens le plus fondamental, celle qui est le fruit de l'alliance de notre intelligence et de nos sens externes. Une telle expérience implique le jugement d'existence, par où nous reconnaissons que telle réalité existe, qu'elle est, qu'elle s'impose à nous comme une véritable réalité existante, non seulement autre que notre intelligence, mais aussi autre que nous-mêmes dans notre propre existence. Notre intelligence, dans ce jugement d'existence, est capable de reconnaître cette réalité comme existante et comme pouvant lui apporter une nouvelle détermination.

 

"Ce point de départ n'exclut pas l'expérience interne, mais il permet de comprendre que cette expérience, si intéressante qu'elle soit, n'est pas première au niveau de la recherche de la réalité (…). Certes, l’expérience intérieure a le privilège de nous permettre de saisir immédiatement ce que nous vivons au niveau spirituel : notre amour libre (amour de choix) à l'égard de notre ami, notre connaissance intellectuelle. Elle nous livre donc bien quelque chose d'unique, elle nous donne un contact intime avec quelque chose de spirituel. C'est ce qui explique qu'elle puisse si facilement nous séduire et que, si facilement, nous la considérions comme l'expérience privilégiée qui nous introduira immédiatement dans le domaine de l'esprit, tandis que l'expérience qui se fait par le moyen des sens externes, et qui porte sur le monde sensible, demeure liée aux réalités matérielles. Mais si nous cherchons à connaître la réalité en ce qu'elle a de plus "elle-même", nous devons constater que seule l'expérience qui se réalise à l'aide des sens externes permet au jugement d'existence de découvrir une réalité existante autre que nous-mêmes, et de la saisir dans sa propre existence actuelle ; tandis que le jugement d'existence présent dans notre expérience intérieure ne nous fait pas découvrir une réalité autre que nous : il nous met en présence de l'existence réelle de nos actes de connaissance et d'amour, actes qui n'existent que selon un mode intentionnel. Si intéressantes et révélatrices qu’elles soient, nos expériences internes ne peuvent être premières au sens fort, dans une recherche philosophique qui se veut radicale. Elles sont certes plus proches de "nous", de notre réflexion, mais non de la réalité existante.

 

"Prendre l'expérience des réalités sensibles comme premier point de départ n'exclut pas non plus que l'on puisse s'intéresser à la "conscience" en ce qu'elle a de propre ; mais celle-ci n'est plus regardée comme un point de départ. En effet, en toute expérience (qu'il s'agisse de l'expérience interne ou de l'expérience externe), notre conscience s'éveille et nous pouvons la regarder pour elle-même. Mais ce faisant, nous oublions sa source ; car la conscience ne peut exister que si nous expérimentons les réalités existantes extérieures à nous, ou les réalités qui nous sont immanentes : nos propres activités. Nous prenons conscience de ce que nous vivons. Cette conscience que nous avons de nos diverses activités, si elle est essentielle à notre vie humaine, n'est cependant pas première, encore une fois ; elle ne peut donc pas être le point de départ de notre recherche philosophique, bien qu'elle soit ce que nous saisissons avec le plus de clarté et le plus de lucidité. Si nous prenons la conscience comme point de départ, tout le contenu de nos expériences, en tant, précisément, qu'il nous dépasse, qu'il nous échappe, est laissé de côté. Nous nous enfermons dans ce qui nous est le plus connaturel, ce qui est le plus proche de nos activités humaines, nous demeurons dans l'immanence du vécu et nous ne pouvons plus en sortir, puisque ce qui est antérieur à cette conscience est comme oublié, laissé de côté.

 

"Quant à l'inspiration et à l'intuition, elles ne sont pas rejetées, mais elles sont relativisées par rapport à nos expériences externes. Car si celles-ci nous mettent face à ce-qui-est, à ce qui s'impose à nous comme autre que nous, l’inspiration, provenant de nous, ne peut nous mettre en présence que de réalités "possibles", n'existant que d'une manière "intentionnelle". De même pour l'intuition, mais d'une manière différente ; car l'intuition ne peut nous révéler qu'une nouvelle forme, une nouvelle relation : elle ne porte pas directement sur ce-qui-est. Elle ne peut donc être le point de départ d'une philosophie qui cherche à saisir la réalité en ce qu'elle a de plus fondamental. Si le point de départ de l'art est le possible, si l'art réalise tel ou tel possible en l'"incarnant", la philosophie, elle, part de ce-qui-est. On ne fait pas la philosophie du possible, mais de l'homme qui est, et de tout ce qui est relatif à l'homme.

 

"De même, si les mathématiques envisagent en premier lieu les possibles, les rapports, les relations (ce qui permet de comprendre le lien qui existe entre les mathématiques et l'art), la philosophie, elle, ne peut considérer en premier lieu les possibles, les relations. Si elle les considère, c'est toujours relativement à ce-qui-est. à l'homme-existant considéré en lui-même.

 

"On comprend alors qu’une philosophie qui s'appuie proprement sur l'inspiration et l'intuition, les considérant comme son point de départ, ne puisse jamais se distinguer nettement de l'art et des mathématiques ; elle reste toujours une philosophie du primat du possible, du primat de la relation. N'est-ce pas précisément ce qui caractérise les philosophies idéalistes? L'idéalisme ne considère-t-il pas le possible comme le réel en ce qu’il a de premier (le concret existant n'étant qu'une modalité du possible, une réalisation limitant ce possible, en un mot une application, une "position")?

 

"Enfin, il est évident que les opinions des autres philosophes ne peuvent servir de point de départ à une véritable recherche philosophique de ce-qui-est. Car ces opinions ne sont pas ce qui existe, ce qui est en premier lieu ; elles sont le fruit d'une réflexion humaine. Cependant ces opinions ne doivent pas être rejetées systématiquement comme inutiles ; car le philosophe ne peut se désintéresser de ce que les autres philosophes et les autres hommes ont pu dire avant lui sur la réalité qu'il cherche à comprendre. En effet, ou bien ces hommes ont, avant lui, atteint la vérité, et il doit alors le reconnaître et s'en servir pour pouvoir lui-même, de nouveau, découvrir cette vérité et la confirmer grâce à leurs dires ; ou bien ils se sont trompés et ont erré, et il est intéressant pour lui de saisir pourquoi ils n'ont pas pu atteindre la vérité ; il doit alors se servir de ce qu'ils ont dit pour éviter de se tromper lui-même de la même manière, et pour les critiquer (…).

 

"En résumé, on peut dire que le point de départ d'une philosophie réaliste —celle qui rejette initialement tout a priori — ne peut être que l'expérience au sens le plus fort, impliquant un jugement d'existence sur une réalité existante autre que nous ; mais que les autres sources de connaissance ne sont pas pour autant exclues : elles sont relativisées."

 


P. Marie-Dominique Philippe, in Lettre à un ami, Editions Universitaires 1990, pp. 14 à 17

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 18:11

Nous publions aujourd'hui un long extrait de l'Introduction à la théologie chrétienne de Claude Tresmontant (p. 549), quelques jours après la parution de son interview audio sur la question de l'avortement. Il s'agit là d'un texte majeur, fondamental, à lire, méditer et faire connaître au plus grand nombre.

 

"Ce n'est (…) pas l'Eglise qui impose, du dehors, du haut de son autorité, des exigences, des normes. L'Eglise voit ces normes inscrites dans la réalité objective, et elle les enseigne, comme elle enseigne certaines vérités philosophiques, métaphysiques, que chacun peut discerner aussi dans la réalité objective.

 

"Prenons le cas de l'avortement. L'Eglise est absolument opposée à la pratique de l'avortement, qu'elle considère comme abominable. Mais ce n'est pas un caprice de sa part, ni une décision arbitraire. L’analyse objective d'un embryon dans le ventre de sa mère montre que cet embryon est organisé, informé. Dès le commencement, l'embryon est un psychisme, un psychisme inconscient, non éveillé, mais un psychisme authentique. Les travaux de la psychologie des profondeurs, depuis bientôt un siècle, ont établi qu'il existe une vie psychique de l'embryon. Si l'embryon n'était pas organisé, informé, il ne serait pas un embryon : il ne serait que de la matière, c'est-à-dire un cadavre. Cette information, cette organisation, la tradition philosophique, depuis Aristote, l'appelle "âme". C'est une convention. On peut parfaitement appeler autrement, et comme on voudra, ce fait que l'embryon est une Structure informée, organisée, et qu'il est un psychisme. Si le mot "âme" dégoûte, qu'on se dispense de l'utiliser. Il n'en reste pas moins que l'embryon est un être, un être vivant inachevé, organisé, et que c'est un psychisme. Le système nerveux se forme très tôt clans le développement embryonnaire. Il joue probablement un rôle de commande dans le développement embryonnaire.

 

"Bien entendu, l'embryon n'est pas un être achevé. Mais le bébé dans son berceau n'est pas non plus un être achevé. Et un enfant d'homme peut sortir de la matrice plus ou moins tôt. Il peut naître prématuré.

 

"Si tuer un enfant dans son berceau est considéré comme un crime, comme un meurtre, comme un assassinat, particulièrement odieux, on ne voit pas comment tuer le même enfant avant qu'il ne sorte du ventre de sa mère, pourrait ne pas être un assassinat du même ordre.

 

"L'âme ne vient pas dans l'embryon à la naissance, lorsque l'enfant sort du ventre de sa mère. L'âme est ce qui constitue l'embryon, l'âme est le principe d'organisation, d'information. L'âme est ce qu'on appelle dans une autre langue (le grec, au lieu du latin...) le psychisme inconscient de l'enfant dans le ventre de sa mère.

 

"Il est impossible de fixer arbitrairement un moment où l'embryon ne serait pas animé, puis un moment où il le serait. L'embryon est toujours organisé, informé, c'est-à-dire animé, sinon ce ne serait pas un embryon du tout.

 

"Il ne faut pas jouer sur les mots. Il ne faut pas se duper en modifiant le vocabulaire. Il faut avoir le courage de nommer ce que l'on fait. Tuer un embryon d'homme dans le ventre de sa mère, c'est tuer un enfant d'homme, inachevé, au même titre que le bébé qui vient de naître et qui dort dans son berceau. Il n'y a pas une différence de nature entre l'enfant qui vient de naître et l'enfant qui était un jour ou un mois plus tôt dans la matrice. Si tuer un enfant dans son berceau est un meurtre, un crime, un assassinat, alors tuer le même enfant dans la matrice, un mois, deux mois, six mois plus tôt, c'est toujours et exactement le même crime, le même assassinat.

 

"Si l'on estime que l'homme ne doit pas tuer un homme vivant, ni un enfant, ni un bébé dans son berceau, alors il ne doit pas tuer non plus le même enfant dans le ventre de sa mère.

 

"Le problème de l'avortement est un problème de philosophie naturelle. La question est simplement de savoir ce que c'est que cet embryon dans la matrice. Il n'est pas possible d'établir une discontinuité entre cet enfant dans la matrice et le même enfant dans son berceau. Le crime est le même, que l'on tue celui-ci ou celui-là.

 

"Voilà ce que pense en effet l'Eglise. Mais elle ne le pense pas au nom de la Révélation. Elle le pense parce que c'est ainsi, et qu'elle le voit, et que tout homme normal, raisonnable et de bonne foi, le voit pareillement. Cela ne dépend pas d'une théologie. Cela se conclut de l'analyse objective de ce qui est.

 

"Dans les controverses actuelles, les personnes qui désirent obtenir la liberté de l'avortement, déclarent : "mon corps est à moi". Sans doute, ces personnes sont des corps, et ces corps qu'elles sont, ces organismes vivants que sont ces femmes, sont autonomes, libres. Mais l'erreur, le sophisme, en ce qui concerne l'avortement, consiste à en déduire : "donc j'ai le droit de tuer l'enfant qui est dans mon organisme".

 

"Car l'enfant qui est en train de se développer dans la matrice d'une femme, n'est pas sa propriété. C'est là que se trouve l'erreur. On peut être propriétaire d'une maison. On n'a pas le droit pour autant de tuer les gens qui y passent, les gens qui y viennent ou y séjournent. On n'a pas le droit de tuer un hôte qui est sous votre toit. La loi de l'hospitalité était dans les peuples civilisés une loi sacrée.

 

"L'enfant qui se développe dans la matrice d'une femme n'est pas sa propriété. C'est un hôte.

 

"On objectera aussitôt : mais enfin, c'est la femme qui a fait cet enfant qui est en elle. Donc cet enfant est à elle, il est sa propriété. — [Mais] l'enfant qui se développe dans la matrice de la femme, ce n'est pas la femme qui l'a créé. La femme a communiqué un message génétique. L'homme a communiqué un message génétique. A partir de ces deux messages, un enfant d'homme se forme, une personne est conçue. Mais ni l'homme ni la femme ne sont au sens propre créateurs de cet enfant. Ils ont coopéré à une création. Ils ont fourni chacun un message génétique. Et la création s'opère dans le sein de la femme. Mais la femme n'est pas créatrice de cet enfant nouveau qui est en effet créé. L'enfant n'est pas sa propriété, au sens où l'artisan peut être propriétaire de l'objet qu'il a fabriqué. L'artisan peut détruire s'il le veut l'objet dont il est l'auteur. Mais la femme n'a pas le droit de tuer l'enfant qu'elle a enfanté, lorsqu'il est né, car il n'est pas sa "chose". Et elle n'a pas plus le droit de le tuer avant qu'il ne soit né, pour la même raison.

 

"En réalité, tuer un enfant dans son berceau, après sa naissance, ou dans la matrice, avant sa naissance, est le crime le plus grave qui soit, puisqu'on prive un enfant de sa vie d'homme, de son temps de développement. Il est admis, dans les sociétés dites civilisées, que tuer un homme d'âge mûr, ou un vieillard, est un crime, un assassinat. Lorsqu'on tue un homme ou une femme d'un certain âge, on les prive des années qui pouvaient leur rester à vivre. Lorsqu'on tue un enfant au début de son développement, on le prive d'une vie entière. Le crime est donc beaucoup plus grand.

 

"L'Eglise enseigne tout cela, non parce que c'est révélé, mais parce que c'est vrai. Il suffit de réfléchir un instant et sans prévention pour le voir.

 

"La différence entre l'Eglise et quelques hommes ou quelques femmes, c'est que l'Eglise aime les êtres, et qu'elle estime qu'on ne doit pas tuer des êtres qui sont, qui ont le droit de se développer et de vivre. Elle aime les êtres vivants, et en particulier les hommes vivants.

 

"Bien entendu, si l'on n'aime pas les hommes vivants, les enfants vivants, les êtres vivants, si l'on estime qu'il est de peu d'importance de tuer les êtres vivants, alors on peut aussi être partisan de l'avortement. Mais dans ce cas-là il faut professer ouvertement, franchement, qu'on estime de peu d'importance et de peu de prix la vie humaine.

 

"L'Eglise attache un prix infini à la vie humaine. Elle a le regard fixé sur l'être des êtres, et elle aime cet être. Tout homme normal peut avoir le même regard, qui va droit à l'être. Il n'est pas nécessaire d'être juif ou chrétien pour aimer les êtres qui sont. Le problème de l'avortement est un problème de philosophie naturelle.

 

"C'est un problème qui relève de l'ontologie. Les normes éthiques, à cet égard, sont dérivées d'une considération, d'une analyse, de ce qui est. Elles ne sont pas déduites d'une théologie posée au préalable, et d'une manière arbitraire. Il suffit d'avoir le sens de l'être et l'amour de l'être pour reconnaître que l'avortement est le plus abominable des crimes, car il porte contre des êtres que l'on prive ainsi de leur vie entière, de leur temps de développement, qui ne peuvent aucunement se défendre, et qui n'ont pas d'avocats.

 

"A propos de la question de l'avortement, qui est aujourd'hui soulevée parmi les nations qui se disent elles-mêmes, par dérision, "civilisées", on peut constater que la méthode de l'homicide est toujours la même : c'est d'abord le mensonge. L'homicide et le mensonge sont liés. Dans les guerres coloniales récentes, pour massacrer des hommes de l'Indochine, certains utilisaient une expression abominable : "casser du viet". Ces hommes du Viêtnam étaient transformés, par le langage, par cette expression, en une matière, que l'on casse, une matière indéfinie. Pendant la récente guerre d'Algérie, d'autres (ou les mêmes) osaient utiliser l'expression que l'on ose à peine citer : "crever du raton". Là encore, la méthode consistait à réduire, par le langage, des hommes créés à l'image de Dieu, au rang d'une espèce animale. Lorsque les massacreurs nazis ont exterminé des millions d'hommes, dans les camps de mort, ils ont commencé par enseigner que ces hommes ne faisaient pas partie de l'espèce humaine, puisqu'ils appartenaient à une race autre que la race aryenne.

 

"De même pour l'avortement. Afin de procéder à ce massacre de millions d'enfants dans le ventre de leur mère, pour justifier ce massacre, pour ne pas avoir à supporter l'angoisse intolérable qui résulte de la conscience que l'on a de tuer un enfant d'homme, on commence par déclarer qu'il ne s'agit pas d'un enfant d'homme. On compare la grossesse à un "empoisonnement". D'autres ont osé comparer le fœtus d'homme à une "tumeur" cancéreuse. Le procédé est toujours le même. Il s'agit de nier, en parole, par le langage, qu'il s'agisse d'enfants d'homme. Il se trouvera toujours un savant pourvu d'un prix Nobel pour rassurer les consciences en affirmant que l'embryon n'a pas de psychisme ou même (cela s'est vu), qu'il n'a pas de système nerveux! Or, il suffit de consulter les traités d'embryologie les plus élémentaires pour apprendre que le système nerveux est ce qui se forme en tout premier lieu dans l'embryon. On a même entendu un professeur de médecine déclarer à des millions d'auditeurs que la femme enceinte est en état de "légitime défense"! L'enfant qu'elle porte en elle est donc comparé à l'assaillant, à l'ennemi qui vient attaquer, à l'assassin ou au voleur qui vous menace!

 

"A partir du moment où l'on se permet de telles comparaisons, il est évident que la discussion positive, rationnelle, scientifique n'est plus possible.

 

"Dans quelques années, lorsque les enfants qui auront échappé au massacre sauront ce que leurs mères ont fait avec d'autres enfants qu'elles portaient en elles et qu'ils n'ont évité le même sort que par hasard, ils regarderont leurs mères d'une étrange manière. Le docteur Freud n'a pas eu l'occasion de dégager la signification de ce regard-là. Mais ses disciples pourront le faire."

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 20:51

"On appelle pensée rationnelle une pensée qui est conforme à l'expérience, qui n'entre pas en contradiction avec l'expérience, c'est-à-dire avec la réalité objective.

 

"Nous ne savons ce qui est rationnel et ce qui est irrationnel qu'à partir de l'expérience, et non pas a priori, ou avant toute expérience."

 

(Claude Tresmontant, in  Les Métaphysiques principales, François-Xavier de Guibert 1995, p. 276)

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 13:24

"En cette fin du XXe siècle, nous voyons plus clairement que jamais que tout dans l'Univers est lumière et information.

 

Un atome est une composition. C'est donc de l'information.

 

Une molécule est une composition. C'est de l'information plus complexe.

 

Un message génétique, c'est de l'information.

 

Chaque groupe zoologique nouveau qui apparaît dans l'histoire de la Nature, c'est un nouveau message génétique qui est communiqué. C'est de l'information nouvelle qui ne préexistait pas antérieurement."

 

(Claude Tresmontant, in Les Métaphysiques principales, François-Xavier de Guibert 1995, p. 287)

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 20:07

"Dans l'état de vie présente, notre connaissance intellectuelle commence par les sens ; par conséquent, ce qui ne tombe pas sous les sens ne peut être saisi par l'intellect humain que si sa connaissance peut être dégagée à partir des choses sensibles."

 

(Saint Thomas d'Aquin, Somme contre les Gentils, I, 3)

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 10:54

"L’expérience sensible est la première des connaissances, la connaissance fondamentale. Ensuite, il faudra traiter l’information, l'interpréter, l'analyser, la raisonner. Mais la base, le fondement, ce qui est vraiment connaissance et nourriture, c'est l'information qui vient du monde, de la nature, des autres êtres vivants, par la voie des sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le contact tactile."

 

(Claude Tresmontant, in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 161)

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