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Blog consacré à l'un des plus grands métaphysiciens catholiques du XXe siècle, qui démontra le caractère irrationnel de l'athéisme.

Kant et la raison pure (1)

Après Platon [1] et Descartes [2], un autre grand penseur se fera le champion de la méthode déductive (combattue par Claude Tresmontant) - sous l'influence du philosophe cartésien Christian Wolff. C'est Emmanuel Kant.

 

Pour Emmanuel Kant, la métaphysique est l'art de raisonner au-delà de toute expérience sensible.

 

"La Métaphysique, connaissance spéculative de la raison tout à fait isolée et qui s'élève complètement au-dessus des enseignements de l'expérience par de simples concepts (...) et où, par conséquent, la raison doit être son propre élève (...), s'engage à accomplir son oeuvre tout à fait a priori, et par suite, à l'entière satisfaction de la raison spéculative." [3]

 

"Pour ce qui est des sources d'une connaissance métaphysique, de par leur concept même, elles ne peuvent être empiriques. Ses principes (c'est-à-dire non seulement ses axiomes, mais ses concepts fondamentaux) ne doivent jamais être empruntés à l'expérience car il faut qu'elle soit connaissance non pas physique, mais métaphysique, ce qui signifie au-delà de l'expérience (...). Elle est donc connaissance a priori ou d'entendement pur et de raison pure (...). La connaissance métaphysique ne doit renfermer que des jugements a priori ; le caractère particulier de ses sources l'exige." [4]

 

Pour connaître des réalités de ce monde, il convient donc de revenir, comme disait Descartes, aux "Principes" fondamentaux discernables par notre "raison pure" (une raison libérée de l'influence parasitaire de l'expérience sensible) - desquels il ne restera plus alors qu'à déduire les conclusions qui s'imposent et en découlent, dans tous les domaines.

 

"La métaphysique (...) n'est (...) que l'inventaire, systématiquement ordonné, de tout ce que nous possédons par la raison pure. Rien ne peut ici nous échapper, puisque ce que la raison tire entièrement d'elle-même ne peut lui demeurer caché, mais est au contraire mis en lumière par la raison même, aussitôt qu'on en a seulement découvert le principe commun. L'unité parfaite de cette espèce de connaissances, qui dérivent de simples concepts purs, sans que rien d'expérimental, pas même une intuition particulière propre à conduire à une expérience déterminée, puisse avoir sur elles une quelconque influence pour les étendre ou les augmenter, cette parfaite unité rend cette intégralité absolue non seulement possible, mais aussi nécessaire... J'espère présenter moi-même un tel système de la raison pure (spéculative) sous le titre de Métaphysique de la Nature."  [5]

 

Comme Descartes, Kant pense que l'on peut déduire du raisonnement métaphysique un certain nombre de vérités scientifiques.

 

"Nous sommes réellement en possession d'une physique pure qui présente a priori (...) des lois auxquelles la nature est soumise... Parmi les principes de cette physique générale, il s'en trouve qui possèdent réellement l'universalité que nous demandons ; ainsi la proposition : que "la substance reste et persiste", que "tout ce qui arrive est toujours déterminé d'avance par une cause suivant des lois constantes", etc. Ce sont là vraiment des lois universelles de la nature qui existent absolument a priori. Il y a donc bien en vérité une science pure de la nature." [6]

 

"Une théorie rationnelle de la nature ne mérite (...) le nom de science de la nature que si les lois naturelles, sur lesquelles elle se fonde, sont connues a priori et ne sont pas de simples lois d'expérience... Une science de la nature qui s'appelle ainsi à proprement parler, présuppose une métaphysique de la nature... C'est pourquoi la science de la nature proprement dite suppose la métaphysique de la nature." [7]

 

Même les préceptes de la vie morale peuvent être déduites de la raison pure - et tirent précisément leur autorité de leur présence a priori dans l'esprit du philosophe, antérieurement à toute expérience.

 

"Il n'y a pas de vrai principe suprême de la moralité qui ne doive s'appuyer uniquement sur une raison pure indépendamment de toute expérience (...) Nous voyons ici la philosophie placée dans une situation critique : il faut qu'elle trouve une position ferme sans avoir, ni dans le ciel ni sur la terre, de point d'attache ou de point d'appui. Il faut que la philosophie manifeste ici sa pureté, en se faisant la gardienne de ses propres lois... Les principes (...) que dicte la raison (...) doivent avoir une origine pleinement et entièrement a priori, et tirer en même temps de là leur autorité impérative." [8]

 

 


[1] Cf. notre article du 2 août 2011, "Quand donc l'âme atteint-elle la vérité?"

[2] Cf. notre article du 8 août 2011, La métaphysique de René Descartes

[3] Kant, in préface de la seconde édition de la Critique de la Raison pure, citée par Claude Tresmontant in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 171.

[4] Kant, in Prolégomènes à toute Métaphysique future qui pourra se présenter comme science, citée par Claude Tresmontant in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 171.

[5] Kant, in préface de la première édition de la Critique de la Raison pure, citée par Claude Tresmontant in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, pp. 170-171.

[6] Kant, in Prolégomènes à toute Métaphysique future qui pourra se présenter comme science, citée par Claude Tresmontant in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 171-172.

[7] Kant, in Premiers principes métaphysiques de la science de la nature, citée par Claude Tresmontant in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, p. 172.

[8] Kant, in Fondement de la Métaphysique des moeurs, citée par Claude Tresmontant in Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Seuil 1976, pp. 172-173.

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