Comme les scientifiques qui, en remontant le fil de l'histoire de l'univers à rebours de son expansion, sont parvenus à mettre au jour l'évènement primordial de son commencement (communément appelé "Big Bang"), Claude Tresmontant, remontant le fil de l'histoire de la pensée humaine à rebours de son évolution, a identifié trois grands "types" de métaphysiques - à l'origine de tous les développements ultérieurs ; c'est-à-dire : trois grandes catégories d'explication du monde, de l'homme et de sa place dans l'univers [1].
Trois métaphysiques...
Non pas 50, ni 25, ni même 10.
Trois seulement...
Il n'existe donc pas une infinité de possibilités, une infinité de solutions aux problèmes métaphysiques qui se posent à l'intelligence humaine.
Cette considération nous conduit à une première conclusion d'importance.
A savoir que : "si les solutions aux problèmes posés ne sont pas en nombre indéfini - loin de là! - il est permis d'espérer d'en trouver la solution." [2]
Il est donc pour le moins hâtif d'affirmer que "l'on ne peut pas savoir" : "On ne peut pas savoir avec certitude si Dieu existe ; et s'il existait, on ne pourrait pas savoir de toute façon qui Il est (et quelle religion serait la "bonne") ; on ne peut pas savoir avec certitude d'où vient l'univers, ni où il va ; s'il a un sens, une direction ; si la vie même des hommes a un sens... On peut spéculer à l'infini sur toutes ces questions, mais on ne peut pas avoir de certitudes quant à leur solution".
Mais justement : on ne peut pas spéculer "à l'infini" sur ces questions. Pour la bonne raison que les réponses possibles ne sont pas en nombre indéfini. Il n'y en a que trois. Toutes les tentatives de réponses que l'homme a essayé d'imaginer depuis qu'il s'est mis à penser, se rattachent à l'un des trois grands "types" de métaphysique évoqués par Claude Tresmontant. Il faudrait donc les envisager tous les trois, et les analyser chacun à fond, avant d'affirmer péremptoirement que "l'on ne peut pas savoir".
"On ne peut pas savoir" en effet, si l'on ne traite pas ces trois types de réponse pour en éprouver la solidité sur le plan rationnel. Mais si l'on prend le temps de la réflexion et de l'étude, on verra que les trois réponses ne sont pas d'égale valeur. Que deux d'entre elles peuvent être aisément écartées. Et qu'une (une seule!) émerge naturellement.
Pour parvenir à ce résultat toutefois, il y a un préalable : il faut se mettre d'accord sur la méthode de raisonnement - et cela peut-être un premier lieu de débat.
Pour Claude Tresmontant : "la bonne méthode, la seule méthode normale de la pensée, [c'est] la méthode expérimentale, la méthode scientifique." [3]
[1] Cf. notre article du 7 juillet 2011 : Un penseur du monothéisme hébreu.
[2] Claude Tresmontant, in Les Métaphysiques Principales, OEIL 1995, p. 4.
[3] Ibid., p. 4