Tout homme s'interroge un jour sur lui-même. Qui est-il, fondamentalement? Que fait-il sur cette terre? Où va-t-il? Sa vie a-t-elle un sens?
Si la réponse ne lui apparaît pas avec évidence, la question, elle, s'impose, irrésistiblement.
Elle lui est posée par son être même - qui est pour lui-même, disions-nous, un mystère [1]. Ce n'est pas lui, en effet, qui a fait qu'il ait telle apparence physique, tel visage, tel talent naturel, tel caractère. Ce n'est pas lui qui a écrit le code génétique de son ADN. Ce n'est pas lui qui a demandé de vivre dans tel pays, à telle époque. Son être et sa vie, l'homme les reçoit. Cela lui est donné.
Pour paraphraser un chanteur populaire (en transposant quelque peu les paroles de sa chanson ), "ce n'est pas l'homme qui prend la vie, c'est la vie qui prend l'homme". Mais quelle est cette "vie" même qui "prend" l'homme, et lui fait le don de l'être?
Il faut prendre conscience de la grâce qui nous est faite de vivre - et du caractère miraculeux de notre existence personnelle. Du point de vue des probabilités mathématiques, nous n'aurions jamais dû exister. Notre existence sur la terre était infiniment improbable. Elle dépend de tant d'évènements aléatoires, dont la non réalisation d'un seul aurait suffit à nous laisser pour jamais dans le néant, que le fait que nous soyons doit nous donner le vertige et nous interroger au plus profond de l'âme. Pourquoi moi? Pourquoi suis-je vivant? A quoi le dois-je? A qui (peut-être) le dois-je? C'est une question inévitable pour quiconque regarde sa vie en vérité.
"Nous entrons dans la vie comme si elle nous était due, écrit le P. Stan Rougier dans son autobiographie spirituelle, alors que tout est miracle! Jamais je n'ai pu considérer mon existence comme naturelle (...). Ce que je ressens à la fois de plus étranger et de plus personnel en moi, c'est l'impossibilité où je suis de me familiariser avec mon existence." Pour ne prendre que les deux derniers siècles, "il aura fallu pas moins de deux cent cinquante six (256) ancêtres pour que chacun de nous existe! Enlève un seul de ces maillons, fais manquer le rendez-vous entre ton trisaïeul et sa compagne, et tu n'existes pas. Un autre existera, ça ne sera pas toi (...). Chacun de nous doit la vie à un nombre phénoménal d'individus qui se sont cramponnés à la planète contre vents et marées, glaces et bêtes sauvages, hordes voisines et virus... A détourner quiconque de toute pensée de suicide! Notre vie a coûté trop cher à trop de monde!" [2]
La raison humaine, forte de son expérience quotidienne la plus concrète [3], ne peut manquer de s'interroger. Si je ne me suis pas inventé moi-même, alors qui? Mes parents? "Nos parents ne nous ont pas inventés. Ils le savent mieux que personne. Ils ont transmis le patrimoine génétique d'une lignée d'ancêtres, c'est déjà un cadeau fabuleux, mais ils ne nous ont pas inventés. Ils ont choisi d'avoir un enfant, mais ils ne nous ont pas choisis, nous. Ils ne sont pas nos créateurs, mais nos pro-créateurs... C'est bien grâce à l'employé des postes qu'un message nous parvient, mais ce n'est pas lui qui a écrit le message." [4]
[1] Cf. notre article du 16 septembre 2012, Nous sommes à nous-mêmes un mystère.
[2] Cf. notre article sur le blog Totus Tuus, Je pense... donc Dieu EST!
[3] qui constate qu'un message intelligible provient nécessairement d'une intelligence pensante.
[4] Cf. notre article sur le blog Totus Tuus, Je pense... donc Dieu EST!