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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 12:20

Il ya souvent difficulté pour le croyant (même s'il est pratiquant) d'assimiler le contenu des dogmes que l'Eglise a exprimés au fil des âges depuis les débuts du christianisme.

 

Claude Tresmontant en impute très souvent la responsabilité au sens altéré des mots utilisés dans leur définition. Il l'a magistralement montré, par exemple, à propos des notions utilisées pour définir la Sainte Trinité. Ainsi en va-t-il quand il souligne le double sens du mot "Fils" qui peut tout à la fois désigner Jésus et le "Logos" éternel de Dieu lui-même, quand il montre l'apparition des mots "personae" mal traduits en termes d'"individus", "d'existences individuelles", quand il s'empare de ces termes peu clairs que sont les "hypostases"... C'est là un premier obstacle, et il ne saurait être sous-estimé. Cependant il en existe aussi un autre de taille, c'est la perception même du dogme qui fait difficulté, à raison, cette fois, du dogmatisme qui lui sert trop souvent de méthodologie.

 

André Frossard a très bien cerné ce problème et il s'en explique dans un chapitre de son livre "Dieu en questions". Son propos est très éclairant :

 

« Contrairement à ce que l'on prétend, les dogmes ne fixent pas à l'intelligence des limites qu'il lui serait interdit de franchir [on notera l'harmonie de pensée avec Claude Tresmontant qui magnifie toujours l'intelligence dans l'acte de foi]. Ils l'attirent au-delà des frontières du visible. [André Frossard dira aussi : « La foi, c'est ce qui permet à l'intelligence de vivre au-dessus de ses moyens »] Ce ne sont pas des murs, ce sont des fenêtres dans notre prison.

 

« Mais si le dogme est une vérité, le dogmatisme est une erreur ; car si les vérités de foi nous ouvrent à un ordre de réalités qui nous demeureraient inconnu si nous étions laissés à nos propres forces, le dogmatisme s'évertue à constituer ces vérités en système, autrement dit à les ramener à la mesure de notre faible entendement.

 

« Rien n'est plus contraire à la vie de l'esprit que le dogmatisme, et c'est lui qui porte la responsabilité des guerres de religion (encore que celles-ci aient souvent pris la foi pour prétexte alors qu'elles avaient la politique pour mobile, et cette infernale volonté de puissance qui est la cause des maux dont souffrent les sociétés humaines).

 

« Il est bien injuste d'incriminer les dogmes, quand ce sont les hommes qui sont coupables...

 

« Les articles de la foi chrétienne, qui ne sont pas des aperçus philosophiques, ... se ramènent tous à un seul, à savoir l'Incarnation de Jésus-Christ, "Fils du Dieu vivant", et ils ne sont nullement incompatibles avec la liberté... car l'acte de foi est l'acte le plus libre qu'un être humain puisse accomplir, car rien ne l'y oblige.

 

« Les vérités de foi ne sont pas des instructions édictées par une autorité supérieure [à rapprocher avec les propos de Claude Tresmontant :« L'Eglise n'est pas une société secrète dans laquelle la connaissance plénière serait réservée à une caste d'élus... L'autorité dans l'Eglise n'est pas un système de type militaire... »] ; ce sont des messages de l'amour infini qui contiennent toute espérance. Il y a bien des façons de les recevoir ou de les lire, et ils ont la propriété de faire de chacun de leurs destinataires conscients une personne distincte, unique et irremplaçable... »

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 00:00

Lorsqu'il s'exprime à propos de l'Eglise (singulièrement dans son ouvrage "Les premiers éléments de la théologie" ), Claude Tresmontant aime à rappeler "qu'elle continue le peuple hébreu. Elle est le peuple hébreu continué", marquant ainsi la continuité de la Révélation qu'elle porte en elle, à charge pour elle de la transmettre à l'humanité entière. L'Eglise est donc d'abord "la nouvelle Humanité en régime de transformation". Dans cette vue, l'Eglise ne saurait donc se réduire à n'être qu'une institution humaine, à l'instar par exemple "de la Caisse d'épargne ou du Parlement", elle est un "fait de création dans l'histoire de la création. Elle est l'ensemble des hommes, des femmes et des enfants, appartenant à toutes les nations et à tous les peuples, à toutes les races." Ce n'est donc pas seulement, ou simplement, une réalité juridique, c'est surtout "l'ensemble des peuples travaillé du dedans par l'information créatrice qui vient de Dieu. Elle est un organisme spirituel... (dans lequel) il faut distinguer l'information créatrice venant de Dieu et l'humanité (la part humaine de l'Eglise) qui reçoit, plus ou moins, l'information qui vient de Dieu ".

 

Il n'est donc pas surprenant que la part proprement humaine de l'Eglise, ne soit "ni pire ni meilleure qu'ailleurs", mais sans doute attend-on d'elle qu'elle soit justement irréprochable, et en tout cas "plus responsable, à cause de l'information reçue (de Dieu)".

 

Cette double nature de l'Eglise ne doit cependant pas conduire à reproduire les mêmes erreurs que celles qui se sont manifestées à propos de la personne de Jésus, vrai homme et vrai Dieu (verus homo vero unitus est Deo, ainsi que le définit le pape Léon le Grand), car l'Eglise ne saurait être seulement divine ou seulement humaine, elle possède deux natures et si "ces deux natures ne sont pas confondues, elles ne sont pas séparées non plus. Il n'y a pas, d'une part, l'Eglise visible, toute humaine, et, d'autre part, l'Eglise invisible, toute divine. Il y a union des deux natures sans confusion."

 

"Si l'on ne discerne pas la nature divine de l'Eglise, c'est-à-dire l'action et la présence réelle de Dieu, son opération immanente, avec la coopération de l'homme, alors on ne peut plus du tout comprendre l'existence même de l'Eglise qui dure depuis bientôt vingt siècles et qui se développe de manière irréversible... La pensée de l'Eglise est un ensemble cohérent qui se développe conformément à l'information initiale constituante... Elle élimine toute doctrine qui n'est pas compatible avec sa propre essence, sa propre nature, sa propre norme constituante..." Bref, l'Eglise transmet sa pensée à travers l'expression de ses dogmes, de "son développement dogmatique" qui n'est pas autre chose que la fidélité "à l'enseignement de la Révélation, de la Bible hébraïque et du Nouveau Testament grec."

 

Voyons maintenant de quelle manière André Frossard témoigne à ce sujet, inondé qu'il fut par cette "lumière enseignante" qui le transforma "de la base au faîte".

 

Ecoutons-le nous "dire" l'Eglise dans cet extrait de son livre "Il y a un autre monde"  :

 

"Ce que je vais vous dire relève de l'expérience et ne doit rien à la théorie... Qui sait où commence et où finit l'Eglise, qui en fait partie, qui en est exclu, ou plutôt, qui s'en exclut, car je n'imagine pas que l'on puisse en être rejeté ?

 

... Elle est d'institution divine, car c'est Dieu qui lui confie les âmes et non le contraire comme le croient certains bureaucrates de sacristie qui trient les enfants à baptiser...

 

Je n'ai jamais eu la tentation de porter sur elle le moindre début de jugement : ce qu'elle a de sainteté dans l'invisible m'impressionne, ce qu'elle a de faiblesses et d'imperfections ici-bas me rassure et me la rend plus proche. Il se trouve que je ne suis pas parfait non plus.

 

Elle m'a paru belle dès le premier jour. Les "chrétiens du berceau" qui m'ont demandé si l'Eglise n'avait pas déçu le jeune converti que j'étais ne se rendent pas compte du contraste renversant qu'elle pouvait former avec le baraquement idéologique de mon enfance, où l'on vivait, je le voyais bien maintenant, de quelques idées chrétiennes détournées de leur fin, coupées de leurs racines naturelles, mises en conserves, et qui faisaient travailler leur couvercle...

 

Mais comment aurais-je rien appris d'utile et de vrai sur l'Eglise? Mes livres, mes Voltaire, mes Rousseau, mes explorateurs de néant philosophique, ne m'en avaient jamais parlé... Mes livres reconnaissaient l'ancienne puissance de l'Eglise, mais c'était pour mieux blâmer l'usage qu'elle en avait fait. Son histoire était celle d'une longue et fructueuse entreprise de domination masquée de philanthropie... Ils citaient volontiers ses inquisiteurs, ses papes guerriers, ses "minets mitrés", mais jamais ses martyrs...

 

Ils se montraient prolixes sur la tête politique de l'Eglise terrestre, et muets sur son coeur évangélique. Je savais tout des comportements despotiques de Jules II, et rien des emportements poétiques de François d'Assise. Ils ne m'avaient pas dit que si l'Eglise en ce monde n'avait pas toujours mené le bon combat, elle avait du moins gardé la foi... Elle savait, elle était seule à savoir, que l'homme est un être qui ne compte finalement que pour Dieu.

 

Non, mes livres ne m'avaient pas dit que l'Eglise nous avait sauvés de toutes les démesures, auxquelles nous sommes livrés sans défense depuis qu'elle n'est plus écoutée, ou qu'elle se tait. Que ses promesses d'éternité avaient fait de chacun de nous une personne irremplaçable... Que ses cimetières n'étaient pas remplis "de gens qui se croyaient indispensables", mais qu'elle y serrait comme un trésor l'impalpable poussière d'où surgiraient un jour les corps ressuscités. Que les seules fenêtres que l'on ait jamais pratiquées dans le mur de la nuit qui nous environne, étaient celles de ses dogmes..."

 

On perçoit bien, à la lumière de ces textes comparés, la convergence totale de vue de nos deux auteurs sur un sujet qui suscite plus souvent la discorde que la concorde... Le fait est d'autant plus remarquable que les voies empruntées pour "dire" l'Eglise ne sont pas les mêmes pour l'un et pour l'autre : réflexion métaphysique fondée sur des données historiques et religieuses pour Claude Tresmontant, témoignage d'une réalité enseignée soudainement et instantanément (parmi d'autres...) au moment de la conversion pour André Frossard.

 

On peut trouver là, personnifié,  un merveilleux exemple de convergence entre la foi et la raison...

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 00:00

Outre les similitudes notées dans ce que furent leurs vies respectives, on peut également relever tant chez Claude Tresmontant que chez André Frossard, des convergences de vue quant à la manière de " dire " le christianisme au milieu et à la fin du XXème siècle.

 

Grâce à son érudition exceptionnelle, Claude Tresmontant a su montrer de quelle manière la terminologie essentielle du christianisme avait glissé, au fil du temps, dans le faux sens, le contresens, et le non sens, engendrant de la sorte une mauvaise compréhension de ce qui est au coeur de la Révélation chrétienne.

 

Dans l'avant-propos de son ouvrage "Les Premiers éléments de la théologie", il relève ainsi : "La théologie chrétienne a maintenant bientôt vingt siècles, les mots ont changé de sens. Dans le passage de l'hébreu au grec, du grec au latin, du latin aux langues des nations païennes, des notions qui avaient un sens en hébreu, ont pris un tout autre sens."

 

Et de citer, par exemple, des notions aussi usitées que celles de Foi, de Mystère, d'Incarnation, de Fils au sein de la Trinité, Trinité qui n'est plus parfaitement comprise elle-même...

 

Il en résulte une vision revigorée du christianisme, parfaitement orthodoxe sur les questions fondamentales, permettant de pointer le danger découlant d'une catéchèse routinière et trop souvent superficielle. On ne peut ignorer, par exemple, qu'un grand nombre de catholiques pratiquants considèrent la Trinité comme un ensemble de 3 individus divins formant un Tout en forme de synthèse permettant de parler de Dieu au singulier, alors qu'en fait, ils ont une approche tri-théiste.

 

Cette "remise aux normes" du christianisme suppose pour Claude Tresmontant qu'on se réfère au vocabulaire hébreu et, plus encore, qu'on intègre la façon de penser du judaïsme pour redonner du lustre à ce rameau singulier du monothéisme dans lequel la Révélation s'achève de manière définitive.

 

Pour André Frossard, l'approche est différente, elle résulte de son expérience mystique, mais le résultat est le même, ou peu s'en faut, elle revivifie le christianisme en soulignant ce qu'il révèle de la douceur de Dieu, de sa tendresse, de son amour, Lui qui n'est "qu'effusion pure".

 

Il y a du Saint Jean de la Croix chez André Frossard. Si la terminologie est contemporaine (et pour cause!), elle fait toute sa place à l'expression poétique lorsqu'il s'abandonne pour nous communiquer ce qu'il reçu d'un coup ce 8 juillet 1935. Il n'est que de lire ce magnifique ouvrage qu'est "L'Art de croire" pour s'en convaincre.

 

Le chrétien catholique ne peut qu'être ému et conforté dans sa foi lorsqu'il lit, par exemple, de la part de celui qui a vu : "Quand on SAIT qu'il n'y a, et qu'il n'y aura jamais sur la terre d'autre espérance pour les hommes que l'espérance chrétienne, on le DIT." Ou encore : "En quittant la chapelle de la rue d'Ulm, je savais quatre choses, et c'est peu dire, je voyais QUATRE EVIDENCES qui n'ont pas fini de m'étonner :

- il y a un autre monde ;

- Dieu est une personne ;

- nous sommes paradoxalement sauvés et à sauver ;

- l'Eglise est d'institution divine."

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 22:28

Claude Tresmontant a marqué son époque par l'abondance de sa production littéraire et par l'originalité de celle-ci. Il connut un succès certain dans les premières années (du début des années 1950 jusqu'au milieu des années 1970) puisque lui fut décerné le grand prix catholique de littérature en 1962 (prix Maximilien Kolbe). La presse nationale le flatte, notamment le journal Le Monde, ainsi qu'en a témoigné Pierre Chaunu. Ce dernier relate : "Il s'ensuit, comme de juste, que ses collègues universitaires lui en veulent. Puis les choses se gâtent. Dans "Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques" (1976), il a osé l'apologétique..." En 1983 commence la descente aux enfers avec la parition du "Christ hébreu" dans lequel il remet en cause le 'dogme' de la rédaction tardive des évangiles, tenue pour acquise par les spécialistes en Ecriture Sainte (ou réputés tels). L'intolérance de la Pensée unique se déchaîne alors et met tout en oeuvre pour le discréditer, en laissant planer un doute sur ses compétences historiques et théologiques.

 

Il reste que, avant que ne survienne cette polémique, les écrits déjà parus n'avaient pas semblé être dénués d'intérêt pour l'orthodoxie catholique, puisque le pape Paul VI "voyait en lui un des rares penseurs chrétiens en qui on pouvait faire confiance... en excellente compagnie avec Jacques Maritain et Jean Guitton"Ce même Jean Guitton qui disait de lui : "Mon maître".

 

De même, le fait d'enseigner à La Sorbonne et d'être correspondant de l'Institut, justifiait la place officielle qu'il occupait dans le monde du savoir et de la culture.

 

Pour André Frossardles choses furent un peu différentes, car c'est le parcours d'un mystique qui a rencontré Dieu par hasard ("comme on rencontre un platane" disait-il avec humour ), qu'il convient d'apprécier.

 

Après sa conversion subite, seul son proche entourage fut informé de ce qu'il avait vécu. Il fit carrière dans le journalisme, à l'Aurore d'abord ; au Figaro ensuite où il écrivait chaque jour un petit "billet d'humeur" intitulé Cavalier seul. C'est en 1969 qu'il accéda véritablement à la notoriété lorsque fut publié son livre-témoignage "Dieu existe je l'ai rencontré".

 

On pourrait supposer qu'il fut seulement marqué par cet évènement extraordinaire qui bouleversa sa vie (l'irruption soudaine du divin dans une vie ordinaire n'étant pas chose courante...). La réalité fut plus cruelle. Un an à peine après s'être marié (et son premier fils, Michel, âgé de moins de 3 mois), il fut arrêté à Lyon par les Allemands le 10 décembre 1943, et emprisonné au fort de Montluc pour faits de résistance. Il avait presque 29 ans. Il resta enfermé dans ce qu'on a appelé plus tard la baraque aux juifs jusqu'en août 1944. Sur les 79 personnes qui étaient encore en vie à ce moment là, seules 7 d'entre elles (dont André) survécurent. Pendant les 8 mois de sa détention, chaque jour il craignait de faire partie de ceux qui étaient appelés par les Allemands à partir "sans bagages ", c'est à dire à être mené devant le peloton d'exécution.

 

Après qu'il en fût sorti, André dira de ce cauchemar : " Pendant des années, la main immatérielle du rêve m'a reconduit presque chaque nuit en prison..."Il précisa aussi de quelle manière il était perçu par ses compagnons d'infortune, lesquels étaient témoins de la foi qui l'animait malgré tout : "Il y en avait qui me disaient, "et encore ! toi, tu as de la chance ! tu es croyant !" Dans l'imagination populaire, un croyant, ça ne souffre pas. C'est un être surnaturel, blindé. La certitude de se réveiller un jour dans l'autre monde avec des frisettes et une guitare sur les genoux doit l'emporter sur tout autre sentiment... J'avais beau leur expliquer, donner des exemples, je leur disais "voyons ! quand tu vas chez le dentiste, tu es bien sûr d'être soulagé en sortant, ça ne t'empêche pas de te trémousser sur le fauteuil pendant qu'on promène la fraise dans tes dents creuses... La religion, c'est pareil, ça n'empêche pas le mal de mer et les sentiments... Rien n'y faisait. Ils insistaient : "Ah ! si j'étais croyant !" ".

 

Quand la guerre fut terminée, la vie reprit son cours normal pendant quelque temps. Une deuxième naissance était attendue pour les premiers mois de l'année 1949. Ce fut un drame. Le 14 février 1949 naquit et mourut le deuxième fils qu'on prénomma Dominique. Le malheur ne s'arrêta pas là. Quatre ans plus tard, le fils aîné, Michel, mourut à son tour le 4 avril 1953, un Samedi Saint , âgé d'à peine 10 ans. Si la naissance de deux filles vint par la suite adoucir sa vie (et celle de son épouse), il resta marqué pour toujours par toutes ces tragédies qu'il avait vécues en l'espace de 10 ans. Il disait de sa vie : "quand  on en fait le résumé, on aperçoit que ça va de la morgue à des tombes... Je n'ai pas du tout été ménagé par l'existence ...".

 

Outre son livre "Dieu existe je l'ai rencontré", André écrivit de nombreux autres ouvrages, tous empreints de la même volonté de témoigner de la vérité du christianisme. On citera notamment : "Il y a un autre monde", "Dieu en questions", "L'homme en questions", "L'art de croire" , "Les 36 preuves de l'existence du diable", "N'oubliez pas l'amour" (livre consacré à la vie de Maximilien Kolbe).  Devenu l'ami personnel du pape Jean-Paul II, qui avait lu l'édition polonaise de "Dieu existe..." et demandé à faire plus ample connaissance de son auteur, il écrivit trois ouvrages à lui consacré : "N'ayez pas peur", "Le monde de Jean-Paul II", et "Défense du pape".

 

De manière plus incisive, il écrivit un livre "le parti de Dieu"  adressé aux évêques de France pour leur faire le reproche de s'être trop éloigné du spirituel en "multipliant les concessions à la mode intellectuelle, les compromis avec le monde...", justifiant le bien fondé de ses propos en soulignant avec une ironie féroce : "Vous parlez de moins en moins comme Saint Paul, et de plus en plus comme un sénateur centriste. Sur quoi l'auteur, qui a passé sa vie à défendre l'Eglise, a quelques remarques à vous faire ". On comprendra qu'il se soit fait quelques solides inimitiés au sein du clergé... (à l'exception de Jean-Paul II qui lui conservera toute son amitié jusqu'à sa mort, le 2 février 1995).

 

Elu à l'Académie Française en 1987, il demeura tout à sa tâche : témoigner, encore et toujours témoigner. Il précisa même un jour lors d'une interview : "Je m'adresse à ceux qui, comme moi, ont été bousculés et presque, par moments, détruits par les duretés, les cruautés de la vie. Je m'adresse au chrétien chancelant, au chrétien qui doute, à celui que l'épreuve a couché ou renversé... C'est à ces frères là et à ces soeurs  dans le malheur et qui doutent que je m'adresse. Je voudrais leur rendre un peu d'espérance, et au besoin, d''enjamber les difficultés de la foi, pour entrer directement dans l'espérance, et leur dire : "mais vous avez raison de croire... Mais vous avez raison d'espérer." La foi n'est pas vaine, j'en ai la certitude absolue et aussi l'espèce de disgrâce de me promener avec des certitudes absolues dans un monde qui est dans le doute intégral...".

 

Après m'être informé auprès de proches l'ayant connu, il m'a été donné d'apprendre qu'André Frossard avait connu Claude Tresmontant (sans pour autant le fréquenter assidûment), et qu'il l'appréciait...

 

En guise de conclusion, résumons les similitudes qui apparaissent au cours de leurs deux vies :

- Naissance et éducation jusqu'à l'adolescence dans un milieu athée ;

- Proximité avec le judaïsme et le protestantisme ( André Frossard avait pour grand mère paternelle une femme juive, née Schwob, et des grands parents maternels de tradition protestante. Claude Tresmontant s'éveilla au christianisme par le protestantisme et il fut un hébraïsant hors du commun...) ;

- Baptême voulu à l'âge de 20 ans (résultant d'une conversion subite pour André Frossard ; faisant suite à une réflexion raisonnable pour Claude Tresmontant) ;

- Accueil favorable par la papauté ( Paul VI pour Claude TresmontantJean-Paul II pour André Frossard) ;

- Reconnaissance "sociale", au moins un certain temps, par l'intelligentsia de l'époque ;

 - Témoignage incessant par les deux hommes de la vérité du christianisme ;

- Inimitié d'un grand nombre de gens d'église... expliquant peut-être l'oubli entretenu de l'oeuvre de ces deux hommes hors du commun. 

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 12:37

Au sein du catholicisme contemporain, en France, deux hommes se sont manifestés pour attester, chacun à leur manière, la vérité du christianisme. Ils l'ont fait au cours de la même période, s'étalant grosso-modo des années 1960 aux années 1990.

 

Si l'un est bien connu des lecteurs de ce blog, l'autre, André Frossard est sans doute plus ignoré. Or, il m'est apparu que le parcours de vie de ces deux hommes présentait un certain nombre de points communs qui méritaient d'être soulignés.

 

Commençons par leur jeunesse.

 

Claude Tresmontant, né le 5 août 1925, est issu d'un milieu athée. Pierre Chaunu (collègue historien, professeur émérite à la Sorbonne, membre de l'Institut, décédé en 2009) et Paul Mirault (qui fut l'un de ses étudiants, toujours en vie et qui a écrit notamment deux ouvrages consacrés à son maître), relatent à ce propos : "A 10 ans, il vendait l'Humanité dans la rue, le dimanche. Mais, comme il était encore à l'époque un peu difficile de ne pas entendre parler du christianisme dans l'évolution d'un jeune lycéen français, une juste curiosité le conduisit à s'intéresser au seul essentiel, la vie, la mort, le pourquoi, le comment, en un mot : le sens. Alors qu'il a 18 ans, il lit les évangiles et est frappé par le réalisme qui se dégage de ces quatre textes qui ressemblent plus à des témoignages qu'à des mythes religieux. Après son bac, il entreprend d'étudier la philosophie des sciences à la Sorbonne, puis les sciences bibliques et l'hébreu à l'école pratique des hautes études. De lui, le grand rabbin de l'époque, Jacob Kaplan, disait : 'Ce Juste parmi les Nations est l'homme au monde qui sait l'hébreu ; nous, nous savons de l'hébreu.'"

 

Il reçoit le baptême à 20 ans, en raison du choix raisonné qui fut le sien dès cette époque - on était à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Il fut éveillé à la foi par la Mission populaire du Foyer de l'Âme Protestante, mais il préféra opter pour le catholicisme.

 

Pendant 10 ans, maître d'internat au lycée Saint Louis, il étudie les langues anciennes, toutes les sciences (physique, sciences de l'univers, biologie...), véritable Pic de la Mirandole égaré au XXe siècle.

 

André Frossard, né le 14 janvier 1915, est également né dans un milieu athée. Son père, Louis Oscard Frossard, encore appelé Ludovic Oscar, fut le premier secrétaire du Parti Communiste Français lorsque celui-ci vit le jour, lors de la scission d'avec la SFIO au Congrès de Tours en 1920. Dans son livre-témoignage paru en 1969, "Dieu existe, je l'ai rencontré", André Frossard indique : "Dieu n'existait pas. Son image, enfin les images qui évoquent son existence ou celle de ce que l'on pourrait appeler sa descendance historique, les saints, les prophètes, les héros de la Bible, ne figuraient nulle part dans notre maison. Personne ne nous parlait de Lui." C'est pourtant le même André Frossard qui écrira, dans ce même livre : "il se trouve que je sais, par extraordinaire, la vérité sur la plus disputée des causes et le plus ancien des procès : Dieu existe, je l'ai rencontré."

 

Cette rencontre eut lieu à Paris, rue d'Ulm, près du Panthéon, dans une chapelle - qui n'existe plus à l'heure actuelle, remplacée par l'Institut Pierre et Marie Curie - le 8 juillet 1935. Laissons André nous décrire l'événement : "Entré à 17 h 10 dans une chapelle du quartier latin à la recherche d'un ami, j'en suis sorti à 17 h 15 en compagnie d'une amitié qui n'était pas de la terre. Entré là sceptique et athée d'extrême-gauche, et plus encore que sceptique et plus encore qu'athée, indifférent et occupé à bien d'autres choses que d'un Dieu que je ne songeais même plus à nier, tant il me semblait passé depuis longtemps au compte des profits et pertes de l'inquiétude et de l'ignorance humaine, je suis ressorti quelques minutes plus tard catholique, apostolique romain, porté, soulevé repris et roulé par la vague d'une joie inépuisable."

 

Il reçut le baptême quelque temps plus tard, âgé lui aussi de 20 ans à l'époque. Il ajoute : "J'insiste. Ce fut une expérience objective, quasiment de l'ordre de la physique, et je n'ai rien de plus précieux à transmettre que ceci : au delà, ou plus exactement à travers le monde qui nous environne et nous intègre, il est une réalité, infiniment plus concrète que celle à laquelle nous faisons généralement crédit, et qui est l'ultime réalité devant laquelle il n'y a plus de questions." Il souligne encore : "Tout ce que je peux dire est que j'ai été fait catholique ce jour là... et non protestant, ni musulman, ni juif à part entière. J'ai été aussi surpris de me voir catholique à la sortie de cette chapelle, que je l'eusse été à me voir girafe à la sortie d'un zoo". Et à ceux qui trouvaient curieux qu'on puisse si facilement sortir catholique d'une chapelle de cette religion et lui rétorquaient qu'il serait sans doute sorti musulman d'une mosquée ou bouddhiste d'un temple, il leur répondait ceci : "qu'il lui arrivait de sortir d'une gare sans être un train!" 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 20:58

Je me nomme Jean Alardin. Né en avril 1942, je ne suis plus de la première jeunesse... Je suis marié, père de famille et grand-père.

 

Jusqu'à l'âge de ma retraite en 2007, j'ai exercé une double activité, à savoir expert-comptable indépendant et commissaire aux comptes, ainsi qu'une activité d'enseignant universitaire à la Faculté de Droit à titre de Maître de Conférence associé.

 

Catholique du "berceau", pratiquant dans ma jeunesse, j'ai abandonné petit à petit la pratique et laissé place à l'usage du "doute systématique" en matière religieuse.

 

Mes racines catholiques n'étant pas complètement arrachées pour autant, j'ai continué à m'interroger sur la valeur spirituelle des religions, et spécialement sur ce qui était vraiment au coeur du christianisme.

 

J'ai alors eu la chance de lire le livre-témoignage d'André Frossard, "Dieu existe, je l'ai rencontré", ainsi que de nombreux autres ouvrages de ce même auteur qui m'ont permis de faire le point et de tirer un trait sur mon "doute systématique". Quelques années plus tard (vers 1990), j'ai fait la connaissance avec les écrits de Claude Tresmontant qui ont complété, avec une approche différente, ceux d'André Frossard.

 

Il m'est apparu que les deux hommes rendaient témoignage de façon incessante, chacun à sa manière, à la vérité du christianisme (avec un souffle mystique marqué - et pour cause - chez André Frossard, et une place prépondérante faite à la raison, à l'intelligence, chez Claude Tresmontant).

 

Dès lors, le christianisme catholique redevenait LA voie unique qui fournissait l'explication la plus achevée de la présence de l'Univers et du destin de l'humanité à travers le destin individuel de chaque homme créé - "Dieu ne compte que jusqu'à un" se plaisait à répéter André Frossard.

 

Voilà ce qui fait que le vieil homme que je suis aujourd'hui a su refaire place à l'Espérance, qui est bien la vertu de la joie de vivre, indissociable, en vérité, des deux autres qui sont sa raison d'être : la Foi et l'Amour (plus souvent nommé Charité).

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